Suite au pièges à narcos » qui a permis l’arrestation aux États-Unis d’Ismael « El Mayo » Zambada, cofondateur du cartel de Sinaloa avec Joaquin « El Chapo » Guzman, qui purge une peine de prison à perpétuité dans le pénitencier d’ASX Florence, surnommée l’« Alcatraz des Rocheuses », une vague de violences a déferlé dans le nord-ouest du Mexique.

« El Mayo » avait été arrêté le 25 juillet dans le sud des États-Unis en compagnie de Joaquín Guzmán « El Guero » López l’un des dix enfants du « Chapo » qu’il accuse de trahison.

 

La violence est vraisemblablement la conséquence d’une guerre interne qui oppose désormais les partisans d’El Mayo et ceux des fils – encore en liberté – du Chapo surnommés les « Chapitos ».

À quelques jours de la fin de son mandat, le président de gauche nationaliste Andres Manuel Lopez Obrador qui doit être remplacé par son obligée, Claudia Sheinbaum, a estimé que les États-Unis étaient en partie responsables de la situation pour avoir « mené à bien cette opération (l’arrestation d’El Mayo) ».

 

L’ambassadeur des États-Unis au Mexique, Ken Salazar, a déclaré pour sa part : « en réalité, il faut définir le problème et le résoudre […] La réalité, c’est qu’il y a un problème d’insécurité et de violence ». Il n’a pas pu aller plus loin limité par le langage diplomatique évitant ainsi de citer la corruption endémique qui existe dans toute l’Amérique latine et favorise le développement des groupes criminels.

Les faits

Une dizaine de personnes ont été tuées le 21 septembre dans le nord-ouest du pays où deux factions du cartel de Sinaloa ont engagé les hostilités. Selon la presse locale qui cite « les rapports des autorités », cinq hommes ont été retrouvés assassinés par balles avec des signes de tortures devant un parc aquatique.

Le gouverneur de Sinaloa, Ruben Rocha Moya, a rapporté que dans la même journée des policiers municipaux avaient été « agressés par des civils armés ». Il a ajouté que trois des assaillants « ont été réduits (tués) » et un quatrième arrêté lors d’une opération des forces de sécurité mais au prix de deux militaires blessés.

La presse locale a fait état de l’arrivée de 600 militaires envoyés en renfort.

Ruben Rocha Moya s’est rendu samedi à Mexico où il s’est entretenu avec la présidente nouvellement élue Claudia Sheinbaum, qui prendra ses fonctions le 1er octobre.

Actions des États-Unis contres los Chapitos

 

Le département du Trésor américain, a inclus dans sa liste noire par l’intermédiaire de l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) neuf hommes travaillant pour Los Chapitos.

Il a été indiqué que les personnes citées seraient impliquées dans le trafic de substances illicites, telles que le fentanyl qui a causé des milliers de morts par surdoses.

Sept des neuf personnes sont accusées dans le district sud de New York de trafic de fentanyl, d’armes à feu et de blanchiment d’argent. De même, le Département d’État des États-Unis a offert des millions de récompenses en échange d’informations qui aboutiraient  à leur arrestation.

Sont désignés Jorge Humberto Figueroa Benitez, Leobardo Garcia Corrales, Martin Garcia Corrales, Liborio Nuez Aguirre, Samuel Leon Alvarado, Carlos Mario Limon Vizquez et Mario Alberto Jiménez Castro qui travaillent pour Los Chapitos dans l’État de Sinaloa.

En outre, l’OFAC a nommé Julio César Dominguez Hernandez et Jesos Miguel Vibanco Garcia, qui collaborent avec Mario Alberto Jiménez Castro pour coordonner l’importation, la distribution et la vente de coca et de méthamphétamine sur le territoire des États-Unis.

Qui sont les opérateurs sanctionnés

Les frères Leobardo et Martin Garcia Corrales sont identifiés comme des trafiquants de méthamphétamine et de gros trafiquants de fentanyl. Leur centre d’opérations est situé dans l’État de Sinaloa et les deux sont des associés bien connus du cartel de Sinaloa.

En outre, ces sujets exploitent des laboratoires clandestins de drogues synthétiques à Oaxaca. Le produit de la vente de fentanyl est dépensé pour acheter des armes.

Jorge Humberto Figueroa occupe une position de chef de file au sein de l’appareil de sécurité de Los Chapitos, alors qu’il supervise les opérations de certains de ses arcs. Il coordonne également les activités de fabrication et de transfert d’opiacés synthétiques.

De leur côté, Carlos Mario Limon, Liborio Nuez et Samuel Leon Alvarado sont engagés dans le trafic de drogue à partir du cartel de Sinaloa. Ils sont responsables du transfert de grandes quantités de fentanyl aux États-Unis. Les trois, qui font partie de Los Chapitos coordonnent les laboratoires où les précurseurs chimiques utilisés pour le développement des opiacés sont synthétisés.

En ce qui concerne Mario Alberto Jiménez Castro, il a été indiqué qu’il dépendait directement d’un adjoint de Los Chapitos. Sa principale fonction est de réduire les bénéfices générés par le transfert de drogues, grâce à l’utilisation de monnaies virtuelles et de transferts bancaires.

Julio César Dominguez est responsable de la coordination des personnes basées aux États-Unis qui collectent d’importantes sommes d’argent, qui sont transférées à l’étranger.

Alors que Jesus Michael Vibanco se rend fréquemment à Vancouver, au Canada, pour superviser différents trafics.

Le Bureau du Procureur spécialisé pour la criminalité organisée (Femdo) a intenté une action pénale contre Mario Alexander Gámez Cueva « el Piyi » considéré comme responsable des sicarios chargés de la sécurité des frères Ivan et Alfredo Guzman Salazar, les fils de Joaquin Guzman encore en liberté.

Il a été capturé le 19 septembre au cours d’une opération menée conjointement par des membres de la Sedena et de la Garde nationale dans le secteur des Jardins de Santa Fe, dans la ville de Culiacin, à Sinaloa. Il avait succédé à Nestor Isidro Perez Salas arrêté le 22 novembre 2023 et extradé aux États-Unis.

Le cartel de Sinaloa est désormais à la dérive miné par des guerres intérieures et concurrencé par les autres organisations criminelles comme le Cartel de Jalisco Nouvelle Génération. Il va vraisemblablement poursuivre son implosion, ses activistes se regroupant en cartelitos ou rejoignant d’autres gangs. C’est une excellente nouvelle mais cela ne veut absolument pas dire que le crime organisé est en régression au Mexique. Il est en mutation.

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Texte

Alain Rodier