La Norvège, membre fondateur de l’OTAN en 1949, représente une carte maitresse pour l’Alliance en raison de sa position géographique qui contrôle le flanc maritime nord de l’océan Atlantique et l’Arctique. Pour cela, elle possède nombre d’aérodromes le long de ses côtes qui sont d’une utilité stratégique fondamentale. Mais pour cela, il convient de les améliorer.

Le 19 juin 2024, l’armée de l’air royale norvégienne a réactivé les abris pour aéronefs de la base aérienne de Bardufoss (131ème escadre aérienne) pour permettre aux avions de combat F-35 Lighting II de les  utiliser. Ces hangars protégés et ceux sous la montagne n’avaient plus été mis en œuvre depuis quarante ans. Les autres bases militaires norvégiennes manquent de ce type de protections jugées utiles en particulier contre les drones et les bombes et missiles à sous-munitions.

 

Cette base fondée en 1938 a été utilisée pendant la Seconde Guerre Mondiale par la RAF en 1940 puis par la Luftwaffe.

Après la guerre, elle n’a recommencé à avoir des activités militaires qu’en 1964.

La réactivation de 2024 s’inscrit dans le cadre des efforts continus de la Norvège améliorer la capacité de résilience de ses avions de combat qui sont précieux. En remplacement de ses F-16 vieillissants, elle a acheté aux États-Unis 40 F-35 Lightning II et en attend douze autres.

La base aérienne d’Ørland est leur affectation permanente principale mais certains ont été déployés sur la base d’Evenes situé plus au nord.

Plus important encore, des appareils d’autres pays de l’OTAN peuvent également bénéficier des facilités norvégiennes dans le cadre de la nouvelle doctrine de l’Alliance appelée « Agile Combat Employment » (ACE) finalisée lors de la conférence du 15-17 avril qui a réuni 25 pays sur la base de Ramstein en Allemagne.

La doctrine ACE est destinée à améliorer la « résilience et la survivabilité » des opérations aériennes alliées. Elle permet d’utiliser des bases d’opérations avancées « durables » et « d’urgence » pour positionner des capacités de combat tout en préservant la survivabilité des appareils grâce à leur dispersion sur le terrain.

La base aérienne de Bardufoss offre des abris de protection aux avions de combat, notamment pour les F-35 de cinquième génération (qui sont trop grands pour loger dans des abris destinés aux F-16 antérieurs).

Les hangars protégés ont été modernisés à la fois structurellement et avec de nouveaux équipements pour soutenir les opérations aériennes. Ce n’est pas le cas pour les autres bases de l’armée de l’air norvégienne.

 

À long terme, ce développement devrait conduire à une augmentation de l’activité aérienne militaire de l’OTAN dans le nord de la Norvège et vers l’Arctique.

D’ailleurs, le brigadier Tron Strand, chef du centre norvégien d’opérations aériennes interarmées a souligné l’importance stratégique de la base aérienne de Bardufoss dans le développement de la puissance aérienne norvégienne, nordique et alliée.

Il a souligné le fait que la détérioration de la situation sécuritaire et la guerre en Ukraine nécessitaient une armée de l’air nationale mieux préparée. Tout aéronef, fut-il furtif, est extrêmement vulnérable lorsqu’il est au sol. Par conséquent, si une crise ou une guerre l’exige, l’armée de l’air norvégienne doit être capable de disperser ses avions et d’opérer à partir de plusieurs aéroports et bases aériennes, à la fois en Norvège et dans les pays nordiques.

Le colonel Eirik Stueland, commandant de la 131ème  escadre aérienne a insisté sur le fait que que Bardufoss, avec ses capacités militaires et civiles, est bien adaptée pour jouer un rôle important dans le concept de desserte opérationnelle, l’objectif étant d’utiliser les aéroports disponibles dans toute la région nordique.

Mais la coopération entre les alliés et les partenaires de l’OTAN est vitale pour être véritablement opérationnelle. Elle doit comprendre la normalisation et l’intégration des équipements, des armes et des systèmes de communications pour mener des opérations conjointes efficaces.

La préparation opérationnelle implique que les forces soient préparées à répondre aux menaces avec un préavis minimal. Pour ce faire, une formation rigoureuse d’aviateurs polyvalents capables d’effectuer diverses tâches dans des conditions difficiles est primordiale.

Des tactiques innovantes sont à développer comme le ravitaillement en carburant « à chaud » qui permet aux avions de faire le plein sans arrêter les moteurs, améliorent encore l’efficacité opérationnelle.

En dehors des pistes d’atterrissage classiques, les opérations sur autoroutes et l’utilisation d’aéroports civils stratégiquement situés font partie des solutions déjà mises en œuvre pour surmonter les limites infrastructurelles garantissant une présence aérienne robuste et réactive même si les bases principales (militaires) sont compromises.

Pour mémoire sur le F-35As

Le F-35 Lightning II As, principalement développé par Lockheed Martin, est un avion de combat multirôles de cinquième génération conçu pour mener une variété d’opérations militaires, notamment la guerre air-air, air-sol et électronique.

L’appareil est doté d’une technologie furtive avancée pour réduire sa section transversale radar, améliorant ainsi sa capacité de survie dans des environnements hostiles.

Il est équipé de systèmes électroniques intégrés tels que le système de ciblage électro-optique (EOTS) et le système d’ouverture distribuée (DAS) qui améliorent les capacités de reconnaissance, de connaissance de la situation et de défense antimissiles.

Propulsé par un moteur Pratt & Whitney F135, le F-35 peut atteindre une vitesse maximale d’environ Mach 1,6.

Il dispose de soutes capables de contenir diverses munitions, notamment des missiles air-air AIM-120C et des bombes guidées GBU-32 JDAM ainsi qu’une capacité d’armement standard de plus de 18.000 livres extensible à 22.000 livres.

Les caractéristiques furtives et les systèmes avancés de l’avion contribuent à son efficacité dans les scénarios de combat aérien modernes.

Publié le

Texte

Alain RODIER