L’attention du monde étant désormais focalisée sur d’autres endroits du monde, la guerre qui se poursuit férocement en Ukraine est devenue à bas bruit médiatique. Il est difficile de savoir quelle est la situation exacte sur le terrain, les deux partis respectant une discrétion dans la diffusion des informations militaires et se livrant parallèlement à une guerre d’intoxication de part et d’autre.

Certains observateurs se montrent toutefois assez pessimistes pour la suite des évènements constatant que les forces russes continuent leurs avancées depuis le printemps au prix d’importantes pertes tout en continuant d’affaiblir le complexe énergétique ukrainien.

Sur le plan du côté du grignotage russe, ce qui se passe dans le secteur de Donetsk à l’ouest d’Avdivka est inquiétant puisque la 47ème Brigade ukrainienne a du mal à bloquer l’avancée des forces russes. La 31ème brigade qui tenait le secteur semble avoir été défaite. Les lignes de défenses étalées dans la profondeur paraissent insuffisantes… Cela dit, les Russes n’effectuent pas de percée spectaculaire pour la raison qu’ils n’ont pas les moyens de l’exploiter durablement.

Sur le plan global, le commandant en chef ukrainien, le colonel-général Oleksandr Syrskyi, a déclaré que l’armée russe avait considérablement augmenté ses effectifs et ses matériels dans la guerre en Ukraine au cours des deux dernières années.

Mais il ne fait pas état d’une augmentation soudaine des effectifs directement en Ukraine.

Mais cela reflète le désavantage en termes d’effectifs et de matériels des forces ukrainiennes depuis plus le début de l’invasion.

Syrskyi a aussi déclaré au journal britannique The Guardian du 24 juillet que les forces russes disposent aujourd’hui de 520.000 hommes engagés dans la guerre en Ukraine et que ce chiffre pourrait monter à 690.000 hommes d’ici la fin de 2024. De son côté, Kiev a un gros problème de recrutement…

Il a souligné que les combats se poursuivent le long de 977 kilomètres de ligne de front sur les 3.700 kilomètres qui séparent les belligérants (en comptant la frontière biélorusse.)

Il a réitéré que le commandement militaire russe continue de rechercher des gains tactiques malgré d’importantes pertes en personnels tandis que Kiev tente de garder ses positions.

Syrskyi a déclaré que les forces russes ont actuellement un avantage en armements de deux à trois contre un pour les forces ukrainiennes et qu’elles ont doublé leur nombre de chars et de véhicules blindés de transport de troupes et triplé le nombre de pièces d’artillerie en Ukraine.

Syrskyi a noté que le commandement militaire ukrainien se concentre sur la résolution des problèmes d’approvisionnement afin de se défendre contre les opérations offensives russes en cours et a souligné le fait que ses forces mènent avec succès des opérations défensives malgré le manque de matériel.

Il n’empêche que des rumeurs de pourparlers discrets entre les différents partis apparaissent. Ainsi, le ministre des Affaires étrangères ukrainiens, Dmytro Kuleba, s’est rendu en Chine où il a été reçu par son homologue Wang Yi le 22 juillet dans la ville méridionale de Guangzhou.

Il s’est dit prêt à reprendre des discussions avec Moscou – quand cela serait possible…

Les Américains pris dans le début de la campagne électorale de novembre ne semblent plus prendre d’initiative marquante. Les armements et munitions promis mettent du temps à arriver sur le front. De toutes façons, arme miracle n’existe pas.

 

En avril, le général Christopher Cavoli, qui commande toutes les forces américaines en Europe, avait pourtant tiré la sonnette d’alarme : « La Russie est en bonne voie pour produire ou rénover plus de 1.200 nouveaux chars de combat principaux par an, et pour fabriquer au moins trois millions d’obus d’artillerie ou de roquettes par an – soit trois fois plus que les chiffres avancés par les États-Unis au début de la guerre – et plus de munitions que l’ensemble des 32 pays alliés de l’OTAN combinés. »

Par ailleurs, il s’inquiète de ce qui se passera après la fin du conflit. Pour lui : « la Russie se trouve aux frontières de l’OTAN.» En fait, la Russie n’a géographiquement pas bougé (en dehors de l’Ukraine et de la Géorgie) mais le nombre de pays la jouxtant qui ont rejoint l’Alliance a considérablement augmenté.

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Texte

Alain Rodier