Le 29 novembre, l'Ayatollah Ali Khamenei, Guide suprême de la Révolution islamique d’Iran, a précisé que la position officielle de son pays n'était nullement de préconiser de « jeter les Juifs et les sionistes à la mer » pour résoudre la question palestinienne. Il avait plutôt réitéré la proposition de former un gouvernement palestinien basé sur l'opinion de son peuple afin de décider du sort des personnes concernées.
Toutefois, en dépit de ce démenti, depuis son avènement en février 1979, la République islamique d’Iran a systématiquement mis en cause la légitimité de l’État hébreu, préférant le qualificatif de « régime sioniste » à celui d’Israël. Des énoncés antérieurs de dirigeants iraniens, à l’image de l’ayatollah Khomeyni et de l’ancien Président Mahmoud Ahmadinejad, ont exprimé des positions hostiles envers Israël, allant jusqu’à envisager sa disparition.
En ce qui concerne la position de l’Iran sur la question palestinienne, les responsables iraniens mentionnent parfois la nécessité d’un vote pour consulter « tous » les Palestiniens, sans préciser qui est inclus dans cette catégorie. Ils n’ont pas non plus clarifié si le vote porterait sur la solution à deux États, le retour aux frontières de 1967 ou encore d’autres alternatives.
Avantages et précautions de l’Iran
Bien que les dirigeants iraniens soutiennent des mouvements militants et des groupuscules terroristes dans la région, le gouvernement iranien et le Hezbollah libanais hésitent à s’engager directement dans un conflit ouvert avec Israël. Cette réticence peut s’expliquer par des considérations économiques, sociales et politiques en Iran, ainsi que par le désir d’éviter un affrontement direct avec Israël et les États-Unis.
Dans le contexte du rapprochement entre l’Arabie saoudite et d’autres États arabes avec Israël ces derniers mois, l’Iran semble tirer profit du conflit en cours au Proche-Orient car celui-ci aide à reporter ou ralentir le dégel des liens arabo-israéliens. Téhéran est donc immédiatement pointé du doigt pour avoir soutenu, voire financé le Hamas, mais aussi pour avoir été le commanditaire principal de la récente attaque sanglante du groupe terroriste palestinien.
Cependant, malgré les annonces propagandistes du régime des Mollahs autour d’un possible déploiement de forces bénévoles en territoire palestinien, la guerre à Gaza ne devrait pas atteindre Téhéran, compte tenu des conditions actuelles en Iran qui ne favorisent pas une telle implication. En effet, la République islamique cherche à éviter le conflit, tout comme les États-Unis qui n’aspirent pas à ouvrir un nouveau front en plus de l’Ukraine et de Gaza.
Dans la conjoncture présente à Gaza, l’affaiblissement du Hamas est envisagé, avec une possible perte importante de pouvoir dans l’ensemble de l’enclave et une présence limitée dans le sud de cette zone. Le manque de résistance significative du Hamas au cours des récentes semaines est également mis en exergue.
Par ailleurs, l’opinion publique occidentale démontre une diminution du soutien aux Palestiniens par rapport aux décennies précédentes, avec des manifestations moins fréquentes et moins enthousiastes qu’auparavant.
La probabilité d’une intervention du Hezbollah libanais est considérée comme faible également, car cette force agit en fonction des intérêts de la République islamique et ne s’engagerait pas dans un conflit sans son accord.
La stratégie de la République islamique d’éviter une guerre directe est jugée logique en raison de la perception d’une inégalité dans le conflit, ce qui semble justifié, et de la nécessité de résoudre le problème nucléaire iranien pour éviter une escalade. La République islamique pourrait être confrontée à des risques futurs, notamment après l’affaiblissement du Hamas. Les conséquences imprévisibles d’une attaque étrangère pourraient être déstabilisantes, et le vide du pouvoir pourrait entraîner des problèmes graves pour l’Iran.
La réticence américaine
Enfin, du côté américain, les démocrates, en particulier l’administration Biden, ne cherchent actuellement aucune nouvelle guerre en dehors du Proche-Orient. En opposant son veto à la résolution onusienne proposant un cessez-le-feu immédiat à Gaza, Washington estime que le moment n’est pas encore opportun pour une trêve. Cette analyse gagne en crédibilité à la lumière des propos de Robert A. Wood, le représentant adjoint des États-Unis auprès des Nations Unies, qui soutient qu’un cessez-le-feu immédiat à Gaza semblerait semer les graines d’une prochaine guerre. L’interprétation de cette « prochaine guerre » pourrait-elle s’étendre à une confrontation initiée par l’Iran via ses groupes par intérim ?
En considérant de cette dernière position américaine et tenant compte du rôle direct et indirect d’autres tels que le Qatar et la Russie dans le conflit en cours au Proche-Orient, les tendances politiques mondiales demeurent imprévisibles.
Par Massoud SALARI
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