Des explosions suspectes sont survenues le 9 août sur la base aéronavale russe de Saki proche de Novofedorovka située à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Sébastopol qui abrite la Flotte de la mer Noire..

La version officielle russe est qu’il s’agit de l’explosion accidentelle de bombes d’aviation stockées sur la base. À noter qu’elle se trouve à plus de deux cents kilomètres des lignes ukrainiennes.

Plusieurs options sont sur la table :
. un accident toujours possible (il y en eu bien d’autres en Russie) ;
. le tir de missiles ukrainien Hrim-2 (en développement), R-360 Neptune (qui a coulé le croiseur russe Moskva le 13 avril 2022) ou des MGM-140 américains (pas officiellement livrés à l’Ukraine – voir ci-dessous -) ;
. des sabotages.

Par contre, l’hypothèse d’un raid aérien (avion, hélicoptère, drone) en plein jour (15 h 20 heure locale) semble peu probable.
Ce qui est certain, c’est que deux grandes explosions ont eu lieu à 800 mètres de distance.

Un périmètre de cinq kilomètres a été établi autour de la base et un mort et cinq blessés auraient été relevés.

Depuis le début de l’administration Biden en janvier 2021, Washington a délivré pour 9,8 milliards de dollars d’aide militaire à l’Ukraine (depuis 2014, 11,8 milliards de dollars).

Parmi cette aide, un nombre indéterminé de systèmes d’artillerie HIMARS armés de roquettes 227 mm d’une portée de 70 kilomètres ont été livrés.
Des informations non confirmées font état de la livraison prochaine de missiles MGM-140 Army Tactical Missile Systems (ATACMS) qui peuvent aussi être tirés par le HIMARS (mais aussi par un M270 Multiple Launch Rocket System ou M270 MLRS). Ces vecteurs d’une portée de 300 kilomètres pourraient frapper les postions russes dans la profondeur.
Jusqu’ici, Washington était réticent à leur livraison de peur que l’intérieur du territoire russe ne soit atteint ce qui pourrait être considéré par Moscou comme un acte de cobelligérance. Mais il semble que la Maison-Blanche est désormais assez sûre de l’incapacité du Kremlin à répliquer à ses actions pour les monter d’un cran.

La Turquie qui a déjà fourni à l’Ukraine des drones armés Bayraktar TB-2 et qui doit finaliser la construction d’une usine de fabrication de drones sur place a livré début août cinquante véhicules blindés de transport de troupes Kirpi. 150 autres devraient suivre.

Depuis le début de l’été, la situation militaire globale évolue peu sur le terrain. On assiste juste à des regroupements de forces de par et d’autre qui peuvent être le prélude à de futures opérations offensives. On ne parle peut-être pas assez de l’épuisement des troupes dans les deux camps qui obligent à prolonger la pause stratégique.

Par contre, les stratèges occidentaux paraissent commencer à croire que Moscou pourrait vraiment « perdre la guerre » en Ukraine et s’en retirer comme cela a été le cas en Afghanistan après dix ans d’occupation (1979-1989).
Il est vrai que le parallèle peut être fait : les Occidentaux approvisionnaient alors largement les moudjahidines en armes (dont des missiles Stinger), munitions, renseignements et instruction. Mais les objectifs politiques étaient alors bien différents.

Enfin, pour en finir avec les polémiques actuelles sur le danger représenté par la centrale nucléaire de Zaporizhzhya occupée par les Russes, voir la note ci-après de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire français.

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Texte

Alain Rodier

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