La Russie qui est devenu le deuxième exportateur d’armes de la planète derrière les États-Unis rencontre des difficultés à vendre son dernier fleuron de l’aviation : le chasseur multirôle Sukhoï Su-35 Flanker-E.

Ainsi, au début janvier, l’Algérie a rejeté un contrat d’achat de Su-35 jugeant que son système radar embarqué ne correspondait pas aux attentes d’Alger. Et pourtant, Alger avait acquis ces dernières années de nombreux armements russes : 58 Su-30MKA, 16 Su-30MKI et 14 MiG-29M/M2 (en complément 32 MiG-29 déjà en dotation) pour une somme de deux milliards de dollars. De son côté, l’armée de terre avait acheté des véhicules de combat BMPT-72 Terminator, des chars de bataille T-90SA et des systèmes de défense aérienne S-400 Triumph.

L’Égypte a reçu 52 chasseurs MiG-29M/M2 et 46 hélicoptères Ka-52 Alligator pour une somme de trois milliards de dollars selon un contrat signé en 2015. Elle a commandé 30 Su-35 en 2018 mais n’en aurait perçu que cinq exemplaires (encore que ces appareils n’ont pas encore été vus dans l’espace aérien égyptien). La livraison de 25 restants serait remise en question, le Caire semblant préférer le Rafale.

L’Indonésie a également annulé un marché signé en 2018 prévoyant la fourniture de onze Su-35 préférant mettre en concurrence le Rafale français et le F-15EX EagleII américain.

Il semble que les annulations algérienne et égyptienne sont la conséquence du « Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act – CAATSA – » qui permet depuis 2017 à Washington de sanctionner économiquement les pays qui participent aux « activités de déstabilisation des régimes iranien, russe et nord-coréen ». Cela inclut les pays qui achètent ou vendent des armes à ces pays. À l’évidence cette législation supranationale – sous couvert de défense de la morale – est destinée à défavoriser les concurrents des Américains dans tous les domaines commerciaux dont celui de l’industrie de défense.
Moscou pourrait se tourner vers Téhéran pour écouler ses Su-35 devenant ainsi un des principaux fournisseurs de l’Iran. Mais il est à noter qu’en 2017, le Kremlin avait refusé de fournir Téhéran en Su-35 proposant à la place des Su-27SM3 Flanker moins performants. Aujourd’hui, ce sont peut-être les Su-35 qui devaient rejoindre l’Égypte qui pourraient arriver en Iran si Téhéran est parvenu à trouver les financements nécessaires mais il faut également compter avec l’opposition d’Israël à cette vente. Ce point de vue est sérieusement pris en compte par Moscou(1) car l’État hébreu pourrait très bien, en rétorsion, fournir l’Ukraine en matériels performants. Au pire des cas, ces appareils Su-35 rejoindront les forces aériennes russes.

1. Les relations israélo-russes sont complexes. Il existe un gentleman agreement en Syrie, les Israéliens frappant là où ils le veulent (sauf les installations russes) et la défense aérienne russe ne réagissant jamais.

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Alain Rodier

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