La nouvelle est passée inaperçue du grand public. Washington ne pourra livrer à l’armée de l’air israélienne de nouveaux ravitailleurs en vol qu’à partir de la fin de l’année 2024, et encore ! Cela dépendra de l’évolution de la situation en Extrême-Orient et des éventuels besoins de l’US Air Force pour parer à toute menace sur zone.
La conséquence est qu’Israël n’est pas en mesure de bombarder l’Iran de manière massive avant 2025 (si l’on compte la prise en compte des ravitailleurs, l’entraînement des équipages et des personnels de maintenance, etc.)
Le ministre de la défense israélien, Benny Gantz a bien demandé lors de son déplacement au États-Unis le 9 décembre au secrétaire de la défense, Lioyd J. Austin III, d’accélérer les livraisons mais il lui a été répondu que cela ne serait pas possible que le premier appareil ne soit fourni avant la fin 2024. C’est très significatif de l’état d’esprit actuel qui règne à Washington : le temps d’une frappe massive contre l’Iran n’est pas d’actualité. À noter que le Japon a réceptionné le premier appareil du même type (sur quatre commandés) en novembre 2021…
De son côté, le Premier ministre israélien Naftali Bennet tente de remettre sur la table l’option d’un bombardement de l’Iran en affirmant que la diplomatie a échoué et que les Iraniens sont toujours plus proches de détenir l’arme nucléaire. Il aurait donné les ordres et les financements nécessaires pour intensifier les exercices de frappes air-sol auxquels il aurait souhaité que les Américains s’associent.
En mars 2021, Israël a commandé huit Boeing KC-46 Pegasus (quatre commandes fermes et quatre options) avec une première livraison prévue à partir de 2023 – aujourd’hui remise en cause – pour un prix de 2,4 milliards de dollars. Un des avantages de ces avions aux performances accrues réside dans le fait qu’eux-mêmes peuvent aussi être ravitaillés en vol. Mais l’US Air Force souhaite également acquérir ces appareils afin de pouvoir conduire des missions de longue durée en zone indo-pacifique pour contrer les activités chinoises.
La flotte de ravitailleurs israélienne est aujourd’hui constituée de sept Boeing 707-3L6C et de 4 KC-130H Hercule hors d’âge. En cas de raid aérien contre les installations militaro-industrielles et nucléaires iraniennes, cette flotte ne permet aux chasseurs-bombardiers israéliens de rester sur objectif plus que quelques minutes car ils doivent être ravitaillés à l’aller comme au retour. La seule solution serait une escale de ravitaillement dans un pays arabe – certes plus « proches » de l’État hébreu aujourd’hui qu’hier – mais ces derniers ne semblent pas disposés pour l’instant à une telle coopération, fut-elle dirigée contre l’ennemi iranien(1).
Sur le fond, les Américains ne souhaitent pas intervenir directement en Iran en raison du recentrage de leur politique sur la zone indo-pacifique. Les stratèges israéliens savent parfaitement qu’une frappe serait tactiquement vaine, voire contre-productive(2). Le discours guerrier de l’État d’Israël ne correspond qu’à des manoeuvres politiques destinées à peser sur les négociations JCPOA portant sur le nucléaire iranien. Mais là non plus, il convient de ne pas se faire trop d’illusions : l’échec est au bout de la route. Après …
1. L’Arabie saoudite et les EAU autoriseraient vraisemblablement le survol de leur territoire, pourraient apporter une aide en guidage et en renseignements voire accueilleraient des appareils en difficulté. Mais, en raison de leur opinion publique, ils ne sont pas prêts à participer à une opération offensive menée conjointement avec ceux qui restent majoritairement pour la rue arabe les « sionistes ».
2. Il y a trop d’objectifs (dont des leurres) à traiter dont une partie sont enterrées, les Israéliens même en engageant en plus des missiles sol-sol voir mer-sol n’ont tout simplement pas assez de munitions pour éradiquer les infrastructures iraniennes.
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