Les données de navigation indiquent que le Qendil se trouvait alors dans les eaux internationales de la Méditerranée orientale au large de la Crète.
Selon les données de suivi maritime, il avait quitté le port de Sikka dans l’État indien du Gujarat en Inde et avait pour destination le port russe d’Oust-Luga en mer Baltique.
Des images satellites ont montré qu’après la frappe, le navire a fait demi-tour alors qu’il se trouvait à plus de 250 kilomètres des côtes grecques et libyennes.
Sa position laisse à penser qu’en raison de son éloignement des côtes, il est peu probable qu’il ait été atteint depuis la terre ferme. Il est plus probable – mais ce n’est pas prouvé – que les engins volants sont partis d’un drone naval (ou d’un bateau) « mère. »
Le navire était vide au moment de l’impact et ne représentait – selon Kiev – aucune menace pour l’environnement.
Kiev a déclaré : « la Russie a utilisé ce pétrolier pour contourner les sanctions et gagner de l’argent qui est allé à la guerre contre l’Ukraine […] Par conséquent, du point de vue du droit international et des lois et coutumes de la guerre, c’est une cible absolument légitime pour le SBU. L’ennemi doit comprendre que l’Ukraine ne s’arrêtera pas et la frappera partout dans le monde, où qu’elle soit. »
C’est la première fois que les services de sécurité ukrainiens SBU frappent un navire de la « flotte fantôme » en Méditerranée, les autres attaques ayant eu lieu en mer Noire et peut-être au large du Sénégal.
En effet, des attaques avaient eu lieu le 28 novembre en mer Noire au large des côtes turques visant les pétroliers Kairos et Virat navigant sous pavillon gambien à proximité des côtes turques(1).
D’autre part, le pétrolier turc M/T Mersin qui a fait escale à plusieurs reprises dans les ports russes de Novorossiysk et, plus récemment, de Taman, se trouvait en difficulté à l’arrêt au large de Dakar. Le navire battant pavillon panaméen appartenant à la compagnie Beşiktaş Denizcilik, était arrivé au large du Sénégal le 25 septembre. Il a émis un appel de détresse dans la nuit du 27 au 28 novembre après quatre explosions survenues au niveau de la salle des machines provoquant une importante voie d’eau(1).
Le 2 décembre, le Midvolga 2 chargé d’huile de tournesol a été attaqué à une centaine de kilomètres de la côte turque alors qu’il se rendait en Géorgie depuis la Russie. Il battait pavillon russe pour la société Srednevolzhsk Shipping Company.
Le 10 décembre, un drone naval de type « Sea Baby » du SBU s’en est pris au pétrolier Dashan dans le sud de la mer Noire aux environs de la Crimée. Il naviguait sous les couleurs des Comores et devait rejoindre de terminal pétrolier de Novorossiysk. Le SBU a déclaré qu’il s’agissait d’une opération combinée entre le 13ème directorat du contre-espionnage militaire et la Marine ukrainienne.
L’Ukraine a également mené des frappes sur des plateformes pétrolières en mer Caspienne en décembre, marquant une nouvelle expansion géographique de ses opérations de frappe en profondeur.
La flotte fantôme est composée de pétroliers qui utilisent des structures de propriété opaques, des pavillons de complaisance et des pratiques maritimes irrégulières pour transporter du pétrole russe malgré les sanctions occidentales.
Cette flotte de centaines de navires, souvent vieillissants est cruciale pour la capacité de la Russie à continuer d’exporter son pétrole qui finance son effort de guerre.
Le Sea Baby est exploité par le SBU (Service de sécurité d’Ukraine). Bien que de taille réduite, sa conception bimoteur est légèrement plus imposante que celle de la série Magura de la HUR (Direction principale du renseignement.) Il peut ainsi transporter une charge utile plus importante et plus diversifiée.
D’autres opérations spéciales
Une rumeur dit qu’Andrey Vladimirovich Averianov, major général du GRU, le chef du renseignement militaire, se trouvait bien à bord du Qendil. Selon des informations de source ukrainienne, il aurait été éliminé.
Si cette information n’est pas confirmé, il est par contre exact que le lieutenant-général Fanil Sarvarov a été assassiné lors d’un attentat à la voiture piégée le 22 décembre à Moscou.
Un engin explosif avait été placé sous sa voiture. Il était le chef du département de formation opérationnelle des forces armées.
Depuis que la Russie a lancé l’invasion de l’Ukraine en février 2022, plusieurs généraux ont été ciblés par des opérations « homo » dans la capitale.
Le général Yaroslav Moskalik(2) a été tué lors d’une attaque à la voiture piégée dans la capitale en avril 2025 tandis que le général Igor Kirillov(3) est décédé en décembre 2024 lorsqu’une bombe dissimulée dans un deux roues garé à côté de l’entrée de son immeuble a été déclenché à distance.
L’Ukraine ne revendique jamais officiellement les opérations « homo » mais le fait pour les opérations « arma » qui visent des matériels : navires, terminaux pétrochimiques, centrales électriques, etc.
(1) Voir : « Pétroliers de la flotte fantôme russe attaqués » du 1er décembre 2025.
(2) Voir : « Assassin d’un officier général russe à Moscou arrêté ? » du 29 avril 2025.
(3) Voir : « Opération ‘homo’ ukrainienne à Moscou ? du 18 décembre 2024.