À la mi-octobre, le président avait assisté en personne à un exercice de lancement d’armes nucléaire stratégiques puis annoncé que la Russie avait testé avec succès son missile de croisière à propulsion nucléaire Bourevestnik 9M730 (appellation OTAN SSC-X-9 Skyfall.)
Moscou affirme que ce missile est capable d’échapper à n’importe quel système de défense adverse en sous entendant l’Américain puisqu’aucun autre pays, en dehors d’Israël, ne possède une telle protection.
Le président américain, Donald Trump a promis la livraison d’un « Dôme d’or » en 2029 bien que les spécialistes considèrent ce calendrier comme totalement intenable le budget prévu de 175 milliards de dollars de largement sous-évalué.
Poutine a ensuite affirmé que la Russie allait passer au stade de la fabrication en série du Bourevestnik puis à son déploiement au sein d’unités dédiées.
Le général d’armée Valery Gerasimov, chef de l’état-major général des forces armées russes a affirmé que lors de l’essai, le missile avait parcouru 14.000 km et était resté dans les airs pendant environ quinze heures.
Revêtu pour l’occasion d’un treillis militaire, Poutine a renchéri : « c’est une arme unique que personne d’autre au monde ne détient. »
La torpille Poséidon « Statut-6 »
Peu de détails sont connus sur cette arme qui avait pourtant été dévoilée « accidentellement » lors d’une réunion de commandement présidée par Poutine à Sotchi sur la mer Noire en 2015.
Le projet portait déjà le sigle : « Statut 6 » n’aurait pas dû apparaître dans les journaux télévisés russes… Pour les analystes, cette fuite était voulue.
On sait que le Poséidon est d’une torpille autonome à propulsion nucléaire qui embarque une tête atomique dont la puissance est annoncée pour 100 mT ce qui fait la charge la plus puissante de l’histoire nucléaire. La bombe la plus puissante testée en 1961 était la Tsar Bomba ou RDS-202 fabriquée par l’URSS qui avait développé une puissance de 57 Mt.
Cette puissance utilisée à proximité des côtes pourrait provoquer des vagues radioactives rendant les villes avoisinantes inhabitables.
Poutine a précisé : « pour la première fois, nous sommes parvenus non seulement à le lancer à l’aide d’un moteur de lancement depuis un sous-marin porteur, mais aussi à activer le groupe électrogène nucléaire sur lequel cet engin a fonctionné pendant un certain temps. »
Depuis l’annonce officielle des programmes Poséidon et Burevestnik en 2018, Poutine les a présentés comme une réponse aux initiatives des États-Unis visant à construire un bouclier antimissile (Dôme d’or) après le retrait unilatéral de Washington, en 2001, du traité ABM de 1972, et à élargir l’alliance militaire de l’OTAN.
Pour mémoire, la Russie et les États-Unis détiennent ensemble environ 87% de l’inventaire mondial des armes nucléaires – assez pour détruire le monde à de nombreuses reprises. Selon la Fédération des scientifiques américains (FAS), la Russie compte 5.459 têtes nucléaires dont 1.778 sont déployées tandis que les États-Unis en ont 5.177 dont 1.770 déployées.
Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, Poutine agite régulièrement le hochet nucléaire. Si les forces de l’OTAN craignaient effectivement l’emploi d’armes nucléaires tactiques sur le champ de bataille ukrainien, cela n’obligeait pas à effectuer une réponse stratégique considérée comme suicidaire.
En effet, il est évident qu’en cas d’échange de tirs stratégiques et quelque-soient la qualité des défenses actives et passives, il y aura toujours des « trous dans la raquette » et des villes importantes seront stratifiées. Durant la « guerre des douze jours » qui a opposé l’État hébreu à l’Iran en juin 2025, l’efficacité de la défense aérienne israélienne qui couvre le petit pays – en superficie –, n’aurait eu une efficacité réelle d’interception que de 65-75% contre les missiles iraniens qui ne sont pourtant pas connus pour leur grande sophistication.
Lors de la mise en place de la force de frappe française dans les années 1960, le terme d’« anti-cités » était employé. Il veut bien dire ce qu’il veut dire : des millions de morts et encore plus de blessés. Le but est que les dommages infligés soient considérés comme « inacceptables » par l’agresseur potentiel et le dissuader d’attaquer.
D’ailleurs, les deux armes dont il est question – et encore plus particulièrement la torpille Poséidon – semblent être capables dans l’avenir (elles ne sont pas encore opérationnelles – ni le « Dôme d’or ») de contourner les défenses qui sont prévues.
Le président Trump semble conscient de ce fait car il vient de d’annoncer juste avant sa rencontre avec son homologue chinois Xi Jinping avoir décidé la reprise des essais d’armes nucléaire : « en raison des programmes d’essais menés par d’autres pays, j’ai demandé au département de la Guerre de commencer à tester nos armes nucléaires sur un pied d’égalité. Ce processus commencera immédiatement » précisant via le réseau Truth Social. « les États-Unis possèdent plus d’armes nucléaires que tout autre pays. La Russie arrive en deuxième position et la Chine loin derrière en troisième, mais elle rattrapera son retard d’ici cinq ans. »
Cela dit, il convient de rester prudent : la « reprise des essais nucléaires » peut être comprise comme des tests de lanceurs suite aux deux annonces russes des essais du Bourevestnik et du Poséidon. Moscou a d’ailleurs bien précisé qu’il ne s’agissait pas d’« essais nucléaires. »
(1) Voir : « Point de la menace sous-marine russe » du 5 décembre 2023.