Lorsque l’on met en place un système défensif, la première chose à faire est d’analyser la nature de la menace pour tenter d’y répondre avec efficacité et sans disperser ses efforts.

Lorsque l’on met en place un système défensif, la première chose à faire est d’analyser la nature de la menace pour tenter d’y répondre avec efficacité et sans disperser ses efforts.

Pour les pays de l’Otan, à l’évidence la menace principale est représentée par la Russie et ses ambitions hégémoniques. Les expériences géorgienne et ukrainienne ont servi.

Il est totalement exact que la Russie représente une menace dans le domaine de la guerre hybride et ces dernières années, la France l’a durement ressenti en Afrique francophone.

Elle représente une menace encore plus directe pour certains pays est-européens comme les États baltes où la communauté russophone est importante et peut servir de « prétexte » au Kremlin qui peut avancer que ces minorités sont maltraitées par les autorités politiques locales pour intervenir d’une manière ou d’une autre.

Plus encore, l’enclave de Kaliningrad est considérée comme « vitale » par Moscou et la tentation est grande de la raccrocher à un pays ami comme la Biélorussie mais il faut alors passer par la Pologne ou/et la Lituanie qui peuvent devenir des objectifs militaires directs.

Enfin, depuis l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’Otan, la mer Baltique est devenue un « lac otanien » et les Occidentaux peuvent bloquer à tout moment le port de St-Petersburg qui est vital pour les échanges commerciaux russes. La tentation est donc grande pour le Kremlin de desserrer ce qu’il considère comme un « étau hostile » en reprenant le contrôle d’une partie sud des berges de la mer Baltique.

Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, l’Otan est en plein bouleversement pour trois raisons (et ce n’est pas une surprise car il avait initiée sa politique lors de son premier mandat) :

– il n’est pas persuadé que la Russie constitue encore une menace directe pour les États-Unis qui, par ailleurs craignent surtout l’influence grandissante de la Chine dans le Pacifique d’où le basculement de l’effort militaire vers l’Extrême-Orient initié durant la mandature de Barack Obama (mais qui, théoriquement, ne concerne pas directement l’Alliance atlantique ) ;

– il ne veut plus contribuer aux dépenses de l’Otan pour quelques 70% du budget estimant que les autres pays membres doivent plus y participer – particulièrement en montant progressivement leurs budgets de la défense jusqu’à 5% de leur PIB -;

– selon sa doctrine symbolisée par son slogan « MAGA » (« Make America Great Again ») qui s’oppose à celle des néoconservateurs, il ne veut plus que les USA soient impliqués dans des affrontements qu’ils n’ont pas choisi. Malgré cela, il semble que les néoconservateurs ont tout de même eu une influence dans la décision de Trump de bombarder l’Iran.

Enfin, Donald Trump reste pour le moins évasif sur l’application de l’Article 5 de l’OTAN qui demande aux pays membres d’être solidaires en cas d’attaque de l’un des leurs.

Lors de la rédaction de l’article 5 de l’Otan à la fin des années 1940, un consensus se dégageait sur le principe d’assistance mutuelle, mais il y avait un désaccord fondamental sur les modalités de mise en œuvre. Les pays européens souhaitaient s’assurer que les États-Unis apporteraient automatiquement leur aide si l’un des signataires venait à être attaqué ; les États-Unis, quant à eux, ne souhaitaient pas prendre un tel engagement et l’article 5 a été formulé en conséquence.

Et là, il faut revenir aux textes (c/f wikipedia) :

Article 5

« Les parties conviennent qu’une attaque armée contre l’une ou plusieurs d’entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d’elles, dans l’exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l’article 51 de la Charte des Nations Unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d’accord avec les autres parties, telle action qu’elle jugera nécessaire, y compris l’emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l’Atlantique Nord.»

L’invocation de l’article 5 permet aux Alliés de fournir toute l’assistance qu’ils jugeraient nécessaire d’apporter, quelle qu’en soit la forme, pour répondre à une situation donnée. Il s’agit d’une obligation individuelle incombant à chaque Allié et chaque Allié est chargé de déterminer ce qu’il juge nécessaire d’apporter dans le contexte considéré […] Elle n’est pas nécessairement de nature militaire […] Chaque pays membre est donc libre de déterminer la façon dont il souhaite contribuer.

Et il est vrai que durant la guerre froide, il n’a jamais été certain que Washington s’engageraient aux côtés de ses alliés en cas d’agression du Pacte de Varsovie… La hantise des gouvernant US a toujours été que les États-Unis ne soit impactée à domicile, ce qui n’est jamais arrivé en dehors des guerres internes…

C’est ce qui a motivé le général de Gaulle à sortir de la structure intégrée de l’Otan et à développer une forces de frappe nucléaire indépendante – ce qui n’est pas le cas pour les armes atomiques otaniennes et même pour la Grande-Bretagne car la clef se trouve à la Maison-Blanche -.

Le sommet de l’OTAN du 25 juin 2025

Le sommet de l’OTAN du 25 juin 2025

Le 25 juin, le sommet des pays de l’Otan de La Haye aux Pays-Bas s’est conclu par une déclaration conjointe par laquelle les États membres s’engagent à investir 5 % de leur PIB dans la défense à l’horizon 2035.

Seul le Premier-ministre espagnol Pedro Sánchez s’est refusé à conduire cette mesure provoquant l’ire de Donald Trump : « C’est le seul pays qui a refusé, je trouve ça terrible […] Vous savez, on va négocier un accord commercial avec l’Espagne, et on va faire en sorte qu’ils payent le double. » Moralement, cette manière de procéder pourrait s’apparenter à du racket mais la politique internationale est surtout question d’influence.

Il faut reconnaître que pour Madrid, la menace russe semble bien lointaine alors que les problèmes sociaux-économique et identitaires espagnols sont au premier rang des préoccupations des citoyens ibériques.

Bien sûr, ce n’est pas la même chose pour les Polonais et les membres des pays baltes (voir plus avant.)

La déclaration finale du sommet est la suivante : « Les alliés conviennent que cet engagement comportera deux grands volets. D’une part, ils vont, pour 2035, porter à au moins 3,5 % la part du PIB consacrée chaque année au financement des besoins ayant trait à la défense proprement dite ; d’autre part, ils réaliseront des investissements dans le but notamment de protéger leurs infrastructures critiques, leurs réseaux, d’assurer la préparation du secteur civil et de renforcer leur base industrielle de défense à hauteur de 1,5 % du PIB. »

Au-delà du « cas Sánchez », le sommet de l’Otan s’est donc correctement terminé puisque les autres pays ont signé une déclaration pleine de bonnes intentions.

Par contre, il est possible que nombre de gouvernements à venir (après élections) ne suivront pas ces décisions (comme pour la COP 21 de 2015) pour des raisons de politique intérieure. Faire comprendre à un électorat qu’il faut dépenser plus d’argent (que l’on n’a pas) pour la défense alors que les manques sont criants dans la santé, l’éducation, la sécurité au quotidien