Jusqu’à il y a peu, le continent abritait des forces françaises stationnées dans neuf pays, à savoir au Mali, au Sénégal, au Niger, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Gabon, à Djibouti, au Tchad et en République centrafricaine.
Après une série de putschs militaires en 2022 et 2023 au Mali, au Niger et au Burkina Faso, ces derniers poussaient les forces françaises hors de leurs frontières. Et en 2024, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Tchad demandaient aussi le départ de l’armée française. En effet, N’Djamena annonçait fin novembre la rupture de l’accord de défense qui la liait à la France. Un revirement de situation « qui marque un tournant historique », selon le communiqué du gouvernement tchadien voulant « affirmer sa souveraineté pleine et entière et redéfinir ses partenariats stratégiques ». Pour Paris, l’annonce du Tchad, dernier allié fort de la France au Sahel, exprime un véritable échec. Depuis l’indépendance en 1960, la France a mené quasi sans discontinuer de nombreuses opérations extérieures dans ce pays sahélien qui a vu se suivre des générations d’officiers et soldats français.
Pour certains, la France n’a pas pris la mesure de l’évolution du contexte africain et a souhaité opérer dans la demi-mesure en voulant diminuer les effectifs, comme cela était prévu à partir de 2022, et non fermer directement les bases.
Cette cascade de retraits des unités démontre le manque d’anticipation et ouvre la voie à la présence d’autres pays, la Russie en particulier avec ses sociétés étatiques de mercenaires. Ainsi, après plusieurs États du Sahel, le Sénégal et le Tchad ont récemment resserré les échanges avec Moscou et ont laissé le champ libre aux organisations terroristes islamistes qui intensifient leurs présences dans les pays du Sahel et leurs voisins. Les groupes terroristes exploitent les griefs des communautés, les inégalités et la marginalisation des ethnies. Le Togo et le Bénin sont ainsi maintenant attaqués. Et les armées locales sont en majorité incapables de s’opposer et vaincre le péril djihadiste.
C’en est certainement fini des compagnies tournantes en Afrique ; mais il y aura dans le futur des opérations menées par l’armée française pour exfiltrer les expatriés ou protéger les sites de production pétrolière ou matières premières stratégiques. Opex un jour, opex toujours !
Bonne lecture
Eric Micheletti
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