La Syrie devrait recevoir deux navires producteurs d'électricité de Turquie et du Qatar pour faire face à ses pénuries chroniques d'énergie, aggravées par les dommages causés aux infrastructures par la guerre civile depuis 2011.
Khaled Abu Dai, directeur général de l’Établissement général de transmission et de distribution d’électricité d’Abou Dhabi, a déclaré à l’agence de presse officielle SANA que les navires fourniraient un total de 800 mégawatts d’électricité, sans toutefois préciser le calendrier de livraison.
Parallèlement les États-Unis ont annoncé une levée des sanctions de six mois pour les transactions avec les institutions gouvernementales syriennes afin de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire. Cette exemption, qui autorise certaines transactions énergétiques et les transferts de fonds personnels, restera en vigueur jusqu’au 7 juillet, mais elle ne lève pas toutes les sanctions existantes.
Sur le terrain, la Syrie continue de faire face à de graves pénuries d’électricité, cette dernière n’étant disponible que deux à trois heures par jour dans la plupart des régions.
Le gouvernement intérimaire s’est fixé pour objectif de fournir de l’électricité jusqu’à huit heures par jour dans les deux prochains mois.
À noter que le Qatar et la Turquie, qui ont soutenu l’opposition anti-Assad, ont rouvert leurs ambassades à Damas après la fuite d’Assad à Moscou.
Une délégation du ministère turc de l’Énergie et des Ressources naturelles a visité la capitale syrienne dès la fin décembre.
Par ailleurs, Karpowership, l’un des plus grands opérateurs mondiaux de centrales électriques flottantes, a déclaré à la fin du mois dernier que la société turque était l’une des multiples alternatives évaluées pour fournir de l’électricité à la Syrie.
Le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Alparslan Bayraktar, a précisé que la Turquie était prête à exporter de l’électricité vers la Syrie. Selon lui, les besoins du pays pourraient être satisfaits dans un premier temps « en exportant de l’électricité depuis la Turquie » via sa frontière terrestre. Mais cela deviendra plus clair après l’évaluation du réseau de transport du pays.
La Turquie fournit déjà environ 210 mégawatts d’électricité à certaines régions du nord de la Syrie qu’elle a sous contrôle depuis 2016.
La Jordanie a également déclaré la semaine dernière qu’elle était prête à approvisionner certaines régions de la Syrie en électricité. Le ministre de l’Énergie et des Ressources minérales, Saleh al-Kharabsheh, a affirmé le 3 janvier : « la partie jordanienne prépare actuellement l’infrastructure nécessaire pour approvisionner le poste frontière de Nassib en électricité sur la base de la demande de la partie syrienne ».
Russie
En 2018, la plate-forme Akademik Lomonosovde 140 mètres de long pour 30 mètres de large et 21 000 tonnes avait été mis à l’eau et chargé en combustible près de Saint-Pétersbourg. Elle est en phase de tests dans la mer du Grand Nord.
Avec elle, un niveau de puissance a été franchi. Les deux cœurs nucléaires atteignent 70 MW.
Par ailleurs, Rosatom a la volonté d’exporter ce type de barge hors de ses frontières et assure être en contact avec plusieurs pays. L’industriel russe planifie d’ailleurs déjà la construction de six autres unités.
États-Unies
Selon le Financial Times, l’Akademik Lomonosov n’est toutefois pas une première mondiale. Lors du creusement du canal de Panama, les Américains ont employé entre 1968 et 1975 le MH-1A Sturgis, un réacteur nucléaire militaire déplacé sur une barge.
Aujourd’hui, plus de 75 barges et navires fournisseurs d’électricité sont déployées et en service dans le monde. Le taux d’utilisation est d’environ 95 %, avec seulement une ou deux unités disponibles sur le marché mondial.
Une remise à niveau – souvent une reconstruction complète – du réseau électrique syrien est le préalable indispensable à son branchement sur des fournisseurs. Étant donné que le nouveau pouvoir à Damas ne contrôle pas l’ensemble du pays, le problème risque d’être extrêmement compliqué et long à résoudre.
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