Quoiqu’en disent les commentateurs, ce qui va se passer à partir du 20 janvier 2025, date de la prise de fonction de Donald Trump à la Maison Blanche, reste une énigme. Bien peu croient que la guerre pourra « s’arrêter en 24 heures » comme l’a promis le « candidat » Trump au cours de la campagne électorale mais que va-t’il faire est encore mystérieux. Alors, toutes les parties jouent leur derniers coups de manière à être à même à faire face à de nouvelles équations.
Ukraine
Volodymyr Zelensky a précisé lors d’une interview à la télévision américaine : « s’ils réduisent leur participation [les Américains], je pense que nous perdrons. Bien sûr, de toute façon, nous resterons et nous nous battrons. Nous avons une production [militaire], mais ce n’est pas suffisant pour l’emporter ».
Le 19 novembre, il a présenté son « plan de résilience » en dix points au parlement (Verkhovna Rada) et a conclu par l’espoir que l’Ukraine devra tenir pour survivre jusqu’au jour où Vladimir Poutine aura disparu pour atteindre tous ses objectifs et restaurer sa pleine intégrité. Ce ton extrêmement pessimiste est nouveau dans la bouche du président ukrainien.
En résumé, cette attente pourrait prendre des années mais Kiev n’acceptera pas d’abandonner la Crimée ou tout autre territoire sous occupation russe.
Le maximum que Zelensky serait prêt à accepter serait un cessez-le-feu sans aucun engagement. Il est vrai qu’une autresolution conduirait l’Ukraine à un conflit interne, car beaucoup la considèreraient comme une trahison.
C’est en fin de compte la fameuse solution « à la coréenne » : un cessez-le-feu le long d’une la ligne de front avec l’espoir de repartir un jour – lointain – à la reconquête des territoires perdus.
Source : MailOnline
La rumeur court que la nouvelle Administration Trump ne serait pas hostile à cette solution ajoutant une force internationale d’interposition mais sans aucun soldat américain sur le terrain et hors ONU ou OTAN.
Le président Recep Tayyip Erdoğan a aussitôt proposé ses services pour que l’armée turque joue ce rôle…
Russie
De son côté, le président Poutine exige que l’Ukraine reste neutre (hors OTAN et hors UE) pour qu’un processus de négociation fonctionne. Un rapport de l’agence de presse Reuters publié le 20 novembre cite des responsables russes qui pensent que Poutine pourrait être disposé à se retirer de zones de territoires occupés relativement petites.
Mais Poutine qui considère la période actuelle comme un moment « intermédiaire » a encore accru la tension en assouplissant les conditions d’utilisation des armes nucléaires russes – mais ce n’est pas une première -. La dernière doctrine nucléaire révisée du Kremlin permet d’utiliser des armes atomiques contre des pays non nucléaires soutenus par des puissances nucléaires ; en clair, l’Ukraine soutenue par les USA, la Grande-Bretagne et la France…
Par contre et plus concret, la Russie a lancé le 17 novembre sa plus grande attaque aérienne contre l’Ukraine depuis près de trois mois. Dans la crainte de nouvelles frappes, plusieurs ambassades occidentales – dont celle des États-Unis – ont fermé temporairement leurs portes à Kiev.
Cette crainte est alimentée par le fait que l’Ukraine assure que la Russie a stocké des centaines de missiles Iskander et Kinzhal depuis plusieurs semaines pour lui permettre de mener de nouvelles frappes qui constitueront un message psychologique avant le transfert de pouvoir à Washington DC.
Enfin, la Russie a tiré le 21 novembre un missile balistique armé d’une tête multiple depuis la région russe d’Astrakhan contre la ville de Dnipro située à 700 kilomètres de là. L’usine de fabrication de satellites Pivdenmach a été atteinte. Selon Kiev, la Russie a également tiré un missile hypersonique Kinzhal et sept missiles de croisière Kh-101 dont six auraient été abattus.
Vladimir Poutine a déclaré qu’il s’agissait d’un nouveau missile balistique hypersonique de moyenne portée ( de 3 000 à 5 500 kilomètres ) connu sous le nom d’« Oreshnik » (noisette) et a averti que d’autres pourraient suivre mais que les populations civiles seraient prévenues à l’avance.
Sur le plan politique, il a été incisif précisant qu’à partir de maintenant, « le conflit régional d’Ukraine précédemment provoqué par l’Occident a acquis des caractéristiques mondiales ».
États-Unis
L’Administration Biden toujours en place jusqu’à la mi-janvier semble abandonner ses dernières « lignes rouges » autorisant désormais Kiev à tirer des missiles longue portée dans la profondeur du territoire russe tout faisant un dernier package de matériels militaires pour une valeur de 300 millions de dollars.
Ainsi, l’Ukraine a frappé la Russie avec six ATACMS de fabrication américaine le 19 novembre et le 21 novembre avec des missiles britanniques Storm Shadow.
Photo : DoD
Ce qui a provoqué le changement d’avis de Biden pourrait être la supposée arrivée de milliers de Nord-Coréens sur le front (mais lequel ?) ce que les États-Unis considèrent comme une « escalade massive ». La question est toujours : est-ce un prétexte ou le moyen de saborder par avance les initiatives de Donald Trump.
Le fils aîné du futur président, Donald Trump Jr, s’est plaint du fait que Biden essayait de « déclencher la troisième guerre mondiale » avant même que son père ne puisse retourner à la Maison Blanche.
Source : Wikipedia
Le porte-parole du département d’État Matthew Miller a sèchement répliqué : « il n’y a qu’un président à la fois […] Lorsque le prochain président prendra ses fonctions, il pourra prendre ses propres décisions ».
En cas de retrait des États-Unis, Kiev demande à l’Europe d’intensifier ses efforts. Mais dans les faits, en dehors des pays scandinaves, des États baltes et de la Pologne, l’indécision des autres pays est flagrante.
Au jour d’aujourd’hui, tout le monde a perdu la guerre en dehors des États-Unis qui en tirent profit politique économique et militaire en se confirmant comme les leaders du monde occidental. Les mauvaises langues suggèrent que les dirigeants US « pilotent » le monde, les révolutions et les conflits confortablement installés depuis chez eux tout en mangeant du popcorn…
Moscou a perdu dès le début car le Kremlin avait imaginé une offensive rapide qui lui permettrait de faire tomber Kiev comme cela avait été le cas de Kaboul en 1979. Au lieu de cela, la Russie se retrouve embourbée dans une guerre qui s’éternise et qui a provoqué son isolement par rapport au monde occidental. Elle se retourne vers la Chine et d’autres pays pour ne pas trop subir le choc économique provoqué. Mais s’allier avec l’Iran et la Corée du Nord et apporter son appui aux putschistes africain n’a rien de particulièrement glorieux – surtout sur le temps long -. Avec la Chine, la question qui se posera dans l’avenir pour la Russie qui sera devenue très dépendante de Pékin sera : qui est le vassal de l’autre ?
Kiev a montré une fantastique capacité de résilience face à une puissance supérieure en nombre et de plus nucléaire. Toutefois, ses objectifs affichés de reconquérir tous les terrains perdus – dont la Crimée en 2014 – se sont avérés vains et coûteux. Certes les pertes sont énormes dans les deux camps (si l’on en croît la propagande, l’Ukraine a neutralisé deux fois les effectifs de l’armée russe) mais ces sacrifices seront des blessures difficiles à cicatriser dans les années à venir.
L’Europe a cessé d’exister sur le plan de la politique internationale, la seule unité se retrouvant partiellement sous la structure de l’OTAN, c’est-à-dire sous commandement américain. Elle est ruinée économiquement face aux Américains qui remportent le jackpot. Ses dirigeants tentent juste de faire encore illusion en vue des futures élections.
La Chine compte les points et attend de voir venir la suite. Pékin a une politique de domination sur la mer de Chine à long terme et seuls les États-Unis ont encore la puissance nécessaire pour s’y opposer. Pour combien d’années ?
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