Le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, a été limogé par le Premier ministre Benyamin Netanyahou le 5 novembre 2024, le jour des élections américaines (avant la connaissance des résultats officiels mais la tendance devait être connue par les Israéliens).
Pour ce faire, le Premier ministre israélien a écrit une lettre rendue publique à Yoav Gallant dans laquelle il dit : « en pleine guerre, la confiance est plus que jamais requise entre le Premier ministre et son ministre de la Défense […] ces derniers mois, cette confiance s’est érodée […] Des différences importantes sont apparues […] dans la conduite de la campagne (militaire), accompagnée de déclarations et d’actes qui contredisaient les décisions du gouvernement et du cabinet ».
Gallant a répondu dans un discours que Netanyahou l’avait renvoyé en raison de trois désaccords majeurs : sa volonté d’obliger les hommes ultra-orthodoxes à effectuer leur service militaire, son soutien à négocier un accord sur les otages et un cessez-le-feu à Gaza et enfin son appel à créer une commission d’enquête sur les échecs du 7 octobre 2023.
Ainsi, en début de semaine, Gallant a annoncé que 7.000 jeunes ultra-orthodoxes seraient mobilisés dans l’armée de réserve. Il s’agissait d’une décision historique compte tenu de l’exemption dont bénéficie cette communauté depuis la création de l’État hébreu. Elle a provoqué des remous au sein du parlement et au sein de la coalition, des voix ultra-orthodoxes y voyant une remise en cause de leur statut privilégié. En évinçant Gallant, Netanyahou donne un gage de loyauté à ses alliés ultra-orthodoxes prévenant ainsi une éventuelle crise gouvernementale.
Gallant appelait régulièrement le gouvernement à « ramener les otages à la maison ». Lors d’une dernière intervention à la télévision, il avait précisé : « nous devons le faire rapidement, tant qu’ils sont encore en vie », et cela « même au prix de compromis douloureux ».
Pour le moment, les responsabilités du désastre sécuritaire du 7 octobre 2023 restent un sujet tabou.
Le départ de Gallant marque un tournant qui renforce la ligne dure de Netanyahou.
Le nouveau ministre de la défense.
Le nouveau ministre de la Défense est Gideon Saar surnommé « le bulldozer ». C’est un poulain de Benjamin Netanyahu avant de devenir son rival au sein du Likoud dont il a claqué la porte en 2020 pour fonder son propre parti, le Tikva Hadasha (Nouvel Espoir).
Ex-journaliste et avocat, Gideon Saar, 57 ans, est plus marqué à droite que le Premier ministre.
Les deux hommes ont officialisé leur réconciliation avec le retour en septembre de Gideon Saar au gouvernement à un poste de ministre sans portefeuille.
Rumeurs d’autres remaniements dans l’appareil sécuritaire israélien
Par contre, les informations selon lesquelles Benjamin Netanyahou aurait l’intention de limoger et de remplacer le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, et le chef du Shin Bet, Ronen Bar, seraient sans fondements et ne viseraient qu’à « semer la division et la discorde ».
Toutefois, plusieurs proches du Premier ministre font l’objet d’enquêtes menées par le Shin Bet…
Il semble que Benyamin Netanyahou se sent conforté par l’amélioration de sa cote de popularité dans les sondages, par les succès remportés par Tsahal et les services spéciaux contre le Hamas et le Hezbollah, par la non-réaction de Téhéran à la dernière frappe israélienne et par le fait que l’attention du monde est tournée vers les élections américaines.
Enfin, son « ami » Donald Trump fait une véritable obsession sur le régime des mollahs qu’il souhaite mettre à bas. Pour ce qui est du Hamas, le nouveau président élu a été très clair (du moins dans ses déclarations) : « Nous voulons récupérer nos otages, et ils feraient mieux de revenir avant que je prenne mes fonctions, sinon vous en paierez le prix fort. » Il est possible qu’il tentera d’obliger le Qatar à contraindre le Hamas à libérer les otages sous peine de sanctions.
De plus, l’arrivée de renforts américains (dont des B-52) sur zone laisse entrevoir à Netanyahou une opportunité de « terminer le travail ».
Son espoir que des victoires à venir « sonneront » les adversaires d’Israël pour plusieurs années. Aujourd’hui, le Hamas est presque laminé, le Hezbollah chancèle et Téhéran hésite sur la suite à donner.
Voulant exploiter l’avantage, il semble loin de souhaiter calmer les choses dans les mois qui viennent.
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