Les forces de défense israéliennes (FDI) ont progressé dans le sud du Liban sur au moins deux axes. Ces dernières s’approchent séparément d'Adaisseh et de Maroun al Ras.

La 7ème brigade blindée « Saar me-Golan » de la  36ème  division blindée et des éléments de 98ème  division parachutiste des FDI ont participé à ces avancées. Toutes deux comptent des éléments qui ont combattu dans la bande de Gaza.

Les forces armées libanaises ont affirmé que les forces israéliennes ont pénétré à environ 500 mètres au Liban autour d’Adaisseh et de Khirbet Yaroun et qu’elles se sont repliées  après une « courte période ».

Cette activité survient après que Tsahal a commencé la phase initiale de son opération terrestre dans le sud du Liban le 1er octobre qui lui aurait déjà coûté au moins huit morts (un neuvième a été annoncé par la presse). De son côté, Tsahal a indiqué que quinze combattants du Hezbollah avaient été tués dans un raid aérien sur « le bâtiment de la municipalité de Bint Jbeil » où des « quantités d’armes étaient stockées ». Elle a aussi appelé des habitants de 25 nouveaux villages dans le sud du Liban à les évacuer.

Cet effort combiné à la campagne aérienne de bombardements sur Beyrouth qui se poursuivent vise à dégrader les capacités opérationnelles du Hezbollah libanais en éliminant ses cadres importants, en détruisant ses postes de décision et ses dépôts logistiques el en altérant le flux d’armements iraniens transitant par la Syrie, etc.

Les opérations au delà de la frontière sont destinées à détruire une grande partie de l’infrastructure militaire que le mouvement chiite a construit dans le sud du Liban (en violation de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU). Le problème est que le Hezbollah a préparé le terrain depuis le conflit de 2006 et que ses positions et ses dépôts sont souvent enterrées reliées par des réseaux de téléphonie filaires. Les activistes bien équipés s’entraînent depuis des années à un combat défensif décentralisé.

L’armée israélienne poursuit donc l’élimination de responsables dont celle de Muhammad Ja’far Qasir, le chef de l’« unité 4400 » qui supervisait le transfert d’armes depuis l’Iran vers le Hezbollah. Le département d’État américain avait auparavant mis une prime de 10 millions de dollars sur la tête de Qasir en raison de son rôle dans les trafics d’armes, de pétrole et d’argent menés au profit du Hezbollah.

Hachem Safieddine, le cousin et successeur de potentiel d’Hassan Nasrallah aurait été visé par les frappes sur Beyrouth le 3 octobre soir. Son sort n’est pas encore connu.

L’objectif politico-militaire affiché d’Israël est de permettre le retour en sécurité des civils qui ont été évacués du nord d’Israël. En réalité, comme pour le Hamas, c’est la destruction du mouvement chiite libanais qui est recherchée.

Retour sur les frappes iraniennes

Les frappes du 1er octobre de missiles iraniens contre Israël semblent avoir été plus efficaces pour pénétrer la défense anti-aérienne israélienne que celles d’avril 2024. Cela peut indiquer que l’Iran a appris à optimiser ses attaques contre les défenses occidentales et israéliennes.

Selon une image satellite, un hangar a probablement été touché à la base aérienne de Nevatim.

Toutefois, d’après K. Campbell, un ancien du renseignement militaire américain, l’attaque iranienne était « symbolique » car « tous les systèmes de défense aérienne ont un point de saturation, et l’Iran semble être resté délibérément en dessous du point de saturation de la défense aérienne israélienne ».

Jon B. Alterman, expert du Moyen-Orient au Centre d’études stratégiques et internationales à Washington a déclaré pour sa part : « je ne pense pas que l’Iran veuille une grande guerre régionale ».

Il convient d’attendre le discours de l’Ayatollah Ali Khameni après la grande prière de ce vendredi à Téhéran pour espérer en savoir un peu plus… À noter qu’il prend un certain risque car les Israélien connaissent le lieu et l’heure. De là à penser qu’ils « osent », il y a un grand pas…

Plusieurs pays ont épaulé Israël pour contrer la menace des missiles iraniens. En particulier, les destroyers USS Cole and USS Bulkeley de l’US Navy ont lancé en une soirée l’équivalent d’un trimestre de production de différents missiles SM-3 (IA, IB, IIA) pour intercepter une partie des missiles lancés par l’Iran contre Israël (c/f croquis ci-après).

Israël a affirmé qu’il mènerait dans les prochains jours des « représailles importantes » contre l’Iran. Le président Joe Biden a dit qu’il s’opposait à des bombardements des structures nucléaires et pétrochimiques iraniennes…

Les chefs militaires iraniens ont menacé de riposter en lançant une attaque encore plus importante contre Israël.

Les milices irakiennes soutenues par l’Iran ont menacé d’attaquer les forces américaines si les États-Unis soutenaient une riposte israélienne contre l’Iran.

Les responsables des milices ont également critiqué la Jordanie pour avoir prétendument aidé Israël à intercepter des missiles balistiques iraniens.

 

Les problèmes de Téhéran

Le militantisme anti-régime iranien connaît actuellement une forte hausse dans le sud-est du pays où les mouvements séparatistes sont nombreux.

De plus, il semble que le malaise qui existe entre le pouvoir politico-religieux et les pasdarans s’accentue, les paramilitaires étant plus bellicistes que l’Ayatollah Ali Khamenei.

Ils seraient pour une reprise des bombardements en particulier du champ gazier israélien de Karish en Méditerranée et une accentuation de la pression sur les forces américaines encore présentes en Irak. Des opérations de terrorisme d’État ne sont pas non plus à exclure.

PS : l’attentat de Tel-Aviv du 1er octobre qui a fait sept victimes (signalé dans l’article précédent) a été revendiqué par le Hamas.

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Texte

Alain Rodier