Après les explosions de bipeurs et de talkies-walkies survenues le 18 et le 19 septembre vraisemblablement orchestrées par le Mossad qui ont fait au moins 45 morts et plus de 3.000 blessés dans plusieurs localités du pays, le Liban a été confronté les jours suivants à de nombreuses frappes aériennes ciblant particulièrement les dépôts d’armes et de munitions.
Le 20 septembre un bombardement ciblé a visé la banlieue sud de Beyrouth, la troisième depuis les attaques du 7 octobre en Israël. Cette frappe a fait au moins 45 victimes dont deux hauts responsables du Hezbollah (et selon le ministre de la Santé, Firass Abiad, trois enfants et sept femmes) et 68 blessés.
Selon une source proche du Hezbollah, la frappe avait visé une réunion du commandement de la force d’élite du mouvement, l’unité Radwan, dans le sous-sol d’un immeuble. 16 de ses membres ont été tués.
Il est probable que cette réunion avait été provoquée pour prendre des mesures tactiques pour pallier à la quasi-destruction des communications du Hezbollah les 18 et 19 septembre. À noter que les services israéliens ont montré une fois de plus leur capacité à recueillir très rapidement des renseignements opérationnels extrêmement précis qui permettent à Tsahal de passer à l’action (qui a été reconnue officiellement par Israël).
Ibrahim Aqil alias Tashin , le chef de la force Al-Radwan, l’unité d’élite du Hezbollah a été tué dans cette frappe. Selon le ministère de la santé libanais, douze personnes au total ont été tuées et une cinquantaine d’autres ont été blessées lors de cette frappe.
L’agence de presse officielle libanaise (ANI) a précisé qu’un « un raid ennemi a ciblé un appartement dans un immeuble résidentiel dans la zone d’al-Jamous, dans la banlieue sud ».
Ibrahim Aqil était le numéro un militaire du Hezbollah après que le chef militaire Fouad Choukr avait été tué dans une frappe similaire sur la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, le 30 juillet dernier.
Ibrahim Aqil était recherché par les États-Unis dans le cadre du programme antiterroriste du département d’État américain « Rewards for Justice » promettant « une récompense pouvant atteindre 7 millions de dollars pour toute information permettant d’identifier, de localiser, d’arrêter et/ou de condamner Ibrahim Aqil, l’un des principaux dirigeants du Hezbollah ».
Selon le Département d’État américain, « dans les années 1980, Aqil était l’un des principaux membres de la cellule terroriste du Hezbollah, l’Organisation du jihad islamique, qui a revendiqué les attentats à la bombe contre l’ambassade des États-Unis à Beyrouth en avril 1983 qui a fait 63 morts, et contre la caserne du corps des Marines américains en octobre de la même année qui a tué 241 membres du personnel américain ».
Pour mémoire, le même jour, 58 parachutistes du 1er RCP français et 6 Libanais ont été tués dans l’explosion de l’immeuble Drakkar où ils étaient cantonnés…
Toujours dans les années 1980, Aqil a dirigé la prise d’otages américains, français et allemands au Liban et les a détenus dans ce pays.
Durant cette période déjà sombre, plusieurs Français expatriés ont également été enlevés et certains autres assassinés dont l’ambassadeur Louis Delamare et des membres de la DGSE. Il semble que c’étaient les services secrets syriens qui étaient à la manœuvre mais ils entretenaient déjà à l’époque d’excellentes relations avec leurs homologues iraniens et le Hezbollah libanais naissant.
Ahmed Mahmoud Wahbi a été cité comme « martyr » le 21 septembre. Il avait rejoint le Hezbollah dès sa création et a pris part à de nombreuses opérations militaires contre les forces israéliennes au Sud-Liban dans les années 1980. En 1984, il a été fait prisonnier par Israël mais après sa libération, il avait occupé plusieurs postes de responsabilité au sein du mouvement. Jusqu’en 2007, il a dirigé l’unité centrale de formation, avant de prendre la tête des opérations d’entraînement de la Force Radwan jusqu’en 2012. Il a ensuite joué un rôle majeur dans divers gouvernorats syriens où le Hezbollah s’est engagé en soutien de Bashar el-Assad.
Depuis le 7 octobre 2023, il a supervisé les opérations de la Force Radwan. Il était revenu en première ligne après l’assassinat de Wissam al-Tawil alias « Jawad » prenant en charge la supervision de l’unité centrale de formation du Hezbollah. Selon les informations diffusées par le Hezbollah, il était un pilier dans la coordination des combats à la frontière libano-israélienne, contribuant à la riposte militaire du parti face aux frappes israéliennes.
Les autres commandants de la Force Radwan tués dans la frappe sont identifiés par l’armée israélienne comme étant : Samer Halawi, commandant de la région côtière ; Abbas Muslimani, commandant de la région de Qana ; Abdullah Hijazi, commandant de la région de la crête de Ramim ; Muhammad Reda, commandant de la région de Khiam ; Hassan Madi, commandant de la région du mont Dov ; Hassan Abd al-Satar, chef des opérations ; et Hussein Hadraj, chef d’état-major.
Le mouvement islamiste libanais soutenu par Téhéran a ouvert le front du Sud-Liban « en soutien » au Hamas palestinien dans sa guerre qui oppose ce mouvement à Israël dans la bande de Gaza.
Le secrétaire-général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a assuré jeudi dans une allocution télévisée, que l’État hébreu allait recevoir « un terrible châtiment » après les explosions de la veille et de l’avant-veille.
Tous les coups très sévères portés par Israël au Hezbollah depuis des semaines semblent relever d’un plan concerté d’affaiblissement généralisé du mouvement chiite libanais piloté par Téhéran.
Désormais, le Hezbollah se retrouve sans commandement militaire suprême, avec un système de communications très dégradé sans commandement militaire direct.
L’objectif israélien est clair : faire revenir les 80. 000 habitants de l’État hébreu chez eux dans le nord, après que les tirs de roquettes, missiles et autres drones contre cette zone auront cessé. Mais comment Tsahal compte procéder : la poursuite du matraquage du Hezbollah ou une offensive au Sud-Liban pour l’en chasser ? Ce qui est certain, c’est qu’Israël a repris l’initiative depuis son échec d’octobre 2023. Le Hezbollah et son mentor iranien ne font que réagir comme ils le peuvent tout en prenant garde de ne pas aller trop loin…
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