Le 7 septembre, Ahmad Bakhshayesh Ardestani, membre de la commission de la sécurité nationale et de la politique étrangère du Parlement, a reconnu l'assistance militaire de l'Iran à la Russie dans le contexte de la guerre en cours en Ukraine, moins de 24 heures après que la mission de l'ONU de l'Iran a nié un rapport du Wall Street Journal sur la livraison de missiles balistiques à courte portée à la Russie.

Il a déclaré le 7 septembre à: « nous devons troquer nos besoins, y compris l’importation de soja et de blé. Une partie du troc implique l’envoi de missiles, et une autre partie consiste à envoyer des drones militaires en Russie ».

Lorsqu’on lui a demandé si l’envoi de missiles balistiques en Russie pourrait conduire à de nouvelles sanctions contre l’Iran, le législateur a répondu : « cela ne peut pas être pire que ce ne l’est déjà. Nous donnons des missiles au Hezbollah, au Hamas et à Hashd al-Chaabi (milices irakiennes proches de Téhéran), alors pourquoi pas à la Russie ? Nous vendons des armes et recevons des dollars. Nous contournons les sanctions par le biais de notre partenariat avec la Russie […] Les Européens vendent des armes à l’Ukraine. L’OTAN est entrée en Ukraine, alors pourquoi ne devrions-nous pas soutenir notre allié en envoyant des missiles et des drones en Russie ? ».

Déjà le 6 septembre, une source militaire ukrainienne non spécifiée avait affirmé aux médias britanniques que la Russie avait transporté les missiles vers un port non spécifié de la mer Caspienne le 4 septembre.

L’Iran a déjà transféré des armes de ses ports d’Amirabad et de Bandar Anzali sur la mer Caspienne vers Astrakhan sur la Volga en Russie.

La Russie utilise des drones de conception iranienne depuis le début de l’invasion de l’Ukraine bien que Téhéran ait toujours nié que ses drones soient déployés.

Téhéran et Moscou ont conclu un accord en décembre 2023 pour que l’Iran envoie des missiles Fateh-360 et des missiles balistiques à courte portée Ababil à la Russie. Des sources de renseignement européennes ont déclaré à Reuters en août 2024 que du personnel militaire russe s’entraînait en Iran à utiliser des missiles Fateh-360. Les missiles Fateh-360 ont une portée allant jusqu’à 120 kilomètres et peuvent transporter une charge utile de 150 kilogrammes.

Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a convoqué le chargé d’affaires iranien en Ukraine, Shahriar Amouzegar, le 9 septembre, à la suite de ces informations Il a sévèrement mis en garde Amouzegar contre les « conséquences dévastatrices et irréparables » pour les relations ukraino-iraniennes si les récentes informations s’avéraient vraies. L’Ukraine avait déjà « dégradé » ses relations diplomatiques avec l’Iran en septembre 2022 après que l’Iran a commencé à fournir à la Russie des drones pour son invasion de l’Ukraine.

Dmitri Peskov, le porte-parole du président russe Vladimir Poutine, a déclaré de son côté que la partie russe avait « vu ce rapport » et de conclure : « Ce genre d’information n’est pas toujours vraie  […] L’Iran est notre partenaire important, nous développons nos relations commerciales et économiques, nous développons notre coopération et notre dialogue dans tous les domaines possibles, y compris les plus sensibles ».

Pour sa part, le ministère iranien des Affaires étrangères a démenti catégoriquement par la voix de son porte-parole, Nasser Kanani: « nous rejetons fermement les allégations selon lesquelles l’Iran aurait exporté des armes à l’un des camps en guerre ».

La Maison-Blanche, a déclaré que si ces informations s’avéraient exactes, cela signifierait une « escalade spectaculaire du soutien de l’Iran à la guerre d’agression russe en Ukraine ». Dans ce cas, les États-Unis imposeraient des « conséquences importantes » à l’Iran si nécessaire.

L’Union européenne a qualifié le 9 septembre de « crédibles » les informations fournies par ses alliés : « nous sommes conscients des informations crédibles fournies par les alliés sur la livraison de missiles balistiques iraniens à la Russie […] Nous examinons cette question de plus près avec nos États membres et, si elle est confirmée, cette livraison représenterait une escalade matérielle substantielle du soutien de l’Iran à la guerre d’agression illégale de la Russie contre l’Ukraine […] la position unanime des dirigeants de l’UE a toujours été claire. L’Union européenne réagira rapidement et en coordination avec ses partenaires internationaux, notamment en adoptant de nouvelles mesures restrictives importantes contre l’Iran ».

Les pays européens envisageraient d’interdire les vols de la compagnie aérienne nationale iranienne, Iran Air, vers les aéroports européens.

Le nouveau train de sanctions devrait aussi cibler les entreprises et les personnes impliquées dans les transferts de missiles, y compris les sociétés de transport liées à ces opérations.

Les forces russes auraient déjà utilisé des missiles balistiques nord-coréens, mais la capacité de production de ce pays est considérée comme relativement faible et insuffisante pour répondre aux besoins de l’armée russe.

De plus, des débris d’un missile retrouvés en Ukraine montrent que 75% des composants sont d’origine étrangère – malgré l’embargo général décrété depuis plus de 20 ans par la communauté international.

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Texte

ALAIN RODIER