Pour faire pièce aux déclarations de plusieurs pays européens et des États-Unis autorisant l’Ukraine à utiliser les armes qui leur ont été fournies pour frapper le territoire russe, la Russie envisage de livrer des missiles à d’autres pays dans le monde susceptibles de menacer les intérêts occidentaux.

Un jeu de dupes, car Kiev n’a pas attendu les autorisations occidentales pour attaquer des cibles stratégiques sur le territoire russe. Officiellement, c’est à coups de drones de fabrication nationale et non avec des missiles balistiques tactiques fournis par ses alliés occidentaux. Selon Washington, « seules des frappes susceptibles de contribuer à la défense du secteur de Kharkiv sont autorisées » ; une « ligne rouge » que les alliés se sont imposée jusqu’à présent.

Moscou a néanmoins mis du temps à réagir, au grand étonnement des observateurs, et ce n’est que fin mai que l’OTAN sera accusée de provoquer un « nouveau cycle d’escalade ».

En somme, il s’agit désormais d’un conflit avec l’Occident par pays interposés. Il y a quelque temps déjà, la Russie a transféré des missiles Iskander ainsi que des armes nucléaires « tactiques » en Biélorussie.

Les experts pensent que le Kremlin pourrait étendre ces livraisons à d’autres États. La Libye par exemple ou, du moins, la partie tenue par le maréchal Haftar. D’ailleurs, le ministre russe adjoint de la Défense, Iounous-Bek Evkourov, s’y est rendu à quatre reprises depuis août 2023 pour le rencontrer ; les Russes envisageraient d’installer des bases navales à Tobrouk ou à Benghazi.

Autre hypothèse, celle-ci plus probable, serait d’augmenter les livraisons d’armement à plusieurs pays africains aujourd’hui hostiles à l’Occident, comme le Mali, le Burkina Faso ou le Niger.

D’ailleurs, Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a effectué une tournée africaine qui pourrait annoncer une collaboration militaire plus étroite avec certains États africains.

Concernant les États-Unis, en positionnant les missiles russes à longue portée au Vénézuéla, on pourrait revivre la crise des missiles à Cuba en 1962, car la coopération militaire entre Moscou et Caracas est importante. Ces missiles pourraient alors menacer le sud des États-Unis.

Au Moyen-Orient, on pourrait aussi imaginer des actions des forces russes basées en Syrie non loin des bases américaines en Irak, ou encore une aide à l’Iran pour développer son programme militaire nucléaire.

Vladimir Poutine s’estime « symétrique », assurant que les pays qui permettraient à l’Ukraine de frapper le sol russe entreraient de facto en conflit direct avec la Russie.

Comment vont alors réagir les pays alliés de l’Ukraine dans une nouvelle « crise de Cuba » à l’échelle mondiale ?

Bonne lecture
Eric Micheletti

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