Les Russes s'inquiètent du fait que l'armée ukrainienne cible avec succès ses drones ISR (renseignement, surveillance, reconnaissance) à voilure fixe. Selon des officiels russes : « il s'agit d'une évolution extrêmement alarmante. même si de telles actions n’affectent pas directement le sécurité des personnes, les conséquences pourraient être plus graves que la livraison de dizaines d'Abrams. » En effet, ils mettent en avant que les opérations des unités russes sur le champ de bataille dépendent largement des drones ISR qui apportent des renseignements tactiques irremplaçables.

Ils déclarent même : « détruire nos ‘yeux’ dans le ciel nous fera reculer d’une génération, nous obligeant à combattre en 2D pendant que l’ennemi continue de faire la guerre en 3D ».

De plus cela a un coût car les gros drones ISR coûtent extrêmement cher.

Les Russes ont une gamme étendue de drones ISR.

ORLAN-10

Eleron-3 et Eleron-3SV

ENIC Eleron-10

 

Helios- RLD

La défense anti-drones

Les Ukrainiens utilisent tous les moyens à leur disposition pour abattre ces drones dont des fusils de chasse(1). Le style des « chevrotines liées » qui étaient très populaires en Corse pour la chasse au sanglier connait une nouvelle jeunesse.

Mais l’efficacité des fusils de chasse n’est effective qu’à très courte portée. Les Ukrainiens comptent surtout sur toutes les armes d’infanterie et autres mitrailleuses lourdes.

Parfois même des vieux « coucous » d’aéroclub sont employés.

Une nouveauté particulièrement efficace réside dans des « drones intercepteurs » de modèle FPV (First Person View, caméra embarquée). Certains de ces drones peuvent atteindre des vitesses allant jusqu’à 400 kilomètres/heure rendant tous leurs homologues évoluant plus lentement vulnérables.

Un autre avantage des drones intercepteurs est leur mobilité et leur furtivité.

Ainsi, selon les Russes, « leur utilisation ne nécessite pas de véhicules de plusieurs tonnes, qui dans les conditions modernes ne peuvent pas être dissimulés. Deux personnes sur des motos constituent déjà une arme de défense aérienne extrêmement difficile à détecter ».

Ils poursuivent : « Mais le plus dangereux est que les Ukrainiens ont pu établir un système de détection et de destruction de nos drones à voilure fixe. Construire un tel système est la clé d’une application réussie (drone intercepteur).

Ils concluent : « Il est urgent d’y prêter attention. Il n’y a rien pour protéger nos drones à voilure fixe dans le ciel. La seule réponse est donc de détruire les drones à voilure fixe de l’ennemi exactement de la même manière. Celui qui sera le premier à dégager le ciel des drones ISR ennemis sera le gagnant ».

Dernière crainte des Russes : les Ukrainiens envisageraient d’abattre leurs hélicoptères d’attaque qui s’approchent de la ligne de front avec des drones intercepteurs. De tels cas ne se sont pas encore produits, mais les Ukrainiens y travailleraient d’arrache-pied.

 

1. Voir : « Utilisation des fusils de chasse pour la lutte anti-drones » du 26 mars 2024.

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Texte

Alain Rodier