Le gouvernement cubain a annoncé qu’une flottille de navires russes effectuerait une visite au port de La Havane entre le 12 et le 17 juin. Elle doit être composée de la frégate Amiral Gorshkov (arrivé le 10 juin), du sous-marin à propulsion nucléaire Kazan K 561 de classe Yasen-M, du pétrolier de la flotte Academic Pashin et du remorqueur de sauvetage Nikolai Chiker.
Cuba affirme qu’aucun de ces navires ne transporte d’armes nucléaires et insiste sur le fait que leur escale ne représente pas une menace pour la région ajoutant : « Les visites des unités navales d’autres pays sont une pratique historique du gouvernement révolutionnaire avec des nations qui entretiennent des relations d’amitié et de collaboration. »
La Havane a aussi déclaré : « pendant leur séjour, les marins russes suivront un programme d’activités, y compris des visites de courtoisie au commandant de la marine cubaine et au gouverneur de La Havane. Ils visiteront également des lieux d’intérêt historique et culturel. »
L’escale pour le sous-marin n’a pas été condamnée par Washington « au moins en partie en raison du mécontentement de La Havane » à propos de la visite d’un sous-marin nucléaire américain à la base navale américaine de Guantanamo Bay à Cuba en 2023.
C’est loin d’être la première fois que des navires de la marine russe sont envoyés à Cuba, un allié clé de l’ex-Union soviétique pendant la Guerre froide qui a été en passe de recevoir des missiles nucléaires en 1962, ce qui avait provoqué une grave crise politico-diplomatique. Compte tenu de la longue histoire d’accueils de navires russes par Cuba, ceux-ci sont considérés comme des « visites navales de routine » en particulier dans le contexte d’un soutien accru des États-Unis à l’Ukraine et à l’OTAN.
En juillet 2023, le navire de classe d’entrainement Perekop de la marine russe s’est rendu à La Havane pour une visite de quatre jours.
Mais cette escale de juin 2024 est la plus importante de son genre depuis des années.
Contexte de tensions
L’annonce de Cuba intervient quelques jours après que le président américain Joe Biden ait donné l’autorisation à l’Ukraine de mener des frappes limitées à l’intérieur du territoire russe avec des munitions américaines.
En réponse, le président russe Vladimir Poutine a déclaré le 5 juin « fournir des armes à une zone de conflit est toujours une mauvaise chose […] En fin de compte, si nous constatons que ces pays s’impliquent dans une guerre contre nous, ce qu’ils font, les rend directement impliqués dans une guerre contre la Fédération de Russie, nous nous réservons le droit d’agir de la même manière. » Enfin, il s’est demandé pourquoi la Russie n’aurait pas le droit de fournir nos armes de la même classe aux régions du monde où il pourrait y avoir des frappes sur les installations sensibles des pays qui le font contre la Russie. »
Prélude de grandes manœuvres navales russes dans les Caraïbe
Si cette escale était programmée bien avant les dernières déclarations de Poutine, il n’en reste pas moins que selon le Département d’État américain et le Pentagone, l’armée russe devrait augmenter significativement ses manœuvres navales et aériennes près des États-Unis – plus particulièrement dans les Caraïbes – cet été dans la perspective d’un exercice naval « mondial » prévu à l’automne.
Le porte-parole du Pentagone, le major Charlie Dietz a déclaré le 6 juin : « La Russie est susceptible d’envoyer des navires de combat dans les Antilles, avec des escales potentielles à Cuba et peut-être au Venezuela. » Il a ajouté que des déploiements ou des vols d’aéronefs dans la région sont également prévus. Ils font partie des opérations navales « de routine » de la Russie et ne « constituent pas une menace directe pour les États-Unis. » Il est à noter que des exercices militaires effectués dans les eaux internationales ne sont pas illégaux au regard du Droit.
Ces déclarations visent à faire diminuer la tension alors le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a déclaré publiquement : « nous sommes désormais un pays ennemi pour eux (les États-Unis) tout comme ils le sont pour nous. » C’est la première fois de l’Histoire de la Russie qu’un officiel qualifie les USA de pays « ennemi ».
Mais dans les faits, sur le plan purement tactique, la Marine russe ne peut que se livrer à des « gesticulations » à proximité des côtes américaines car elle est totalement surclassée sur le plan conventionnel.
Mais pour Moscou, ces manœuvres constituent avant tout un geste politico-militaire destiné à impressionner ses alliés – et les pays actuellement neutres dans le conflit existant entre la Russie et l’OTAN -.
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