Des améliorations sécuritaires sont en train d’être apportées aux chars M1A1 SA Abrams servant en Ukraine suite à des pertes non négligeables infligées majoritairement par des drones.

En effet huit chars Abrams sur les 31 livrés auraient été détruits ou endommagés depuis leur engagement sur le terrain. Quatre d’entre eux ont été impactés par des drones, les autres étant neutralisés par des mines ou des munitions antichars.

De plus, deux des véhicules blindés de bréchage (Assault Breacher Vehicles,ABV) M1150 basés sur l’Abrams, ont été détruits dans les combats jusqu’à présent.

Le groupe industriel Metinvest, un conglomérat industriel ukrainien, qui apporte ces modifications, a présenté un « catalogue » d’un exemplaire de char modifié essentiellement par le montage d’une cage anti-drones mais aussi avec le rajout d’un blindage réactif supplémentaire.

La diffusion de ce catalogue intervient un mois après que des responsables américains aient déclaré que les forces ukrainiennes avaient retiré les M1A1 SA des lignes de front, en particulier en raison de leurs inquiétudes quant à leur vulnérabilité aux drones kamikazes et à d’autres menaces non définies – vraisemblablement les missiles guidés, les Russes engageant de plus en plus des hélicoptères armés  -.

Cages de protection

Il est à noter que Metinvest dit fabriquer aussi  des protections anti-drones pour des chars de conception soviétique T-64, T-72, T-80 et T-90 mais, pour le moment, cette société n’a pas montré de photo ou de film de ces exemplaires modifiés.

Par contre, des images de Challengers britanniques livrés à l’Ukraine (28 exemplaires) équipés de protections vraiment « bricolées » circulent sur la toile.

La firme ukrainienne a juste précisé : « jusqu’à présent, plus de 25 systèmes de protection supplémentaires ont été fabriqués et livrés, dont sept pour les chars Abrams. […] Tous les modèles de protection ont été réalisés en tenant compte des spécificités de chaque type de char car les structures supplémentaires devraient non seulement protéger contre les menaces extérieures, mais en même temps ne pas limiter la fonctionnalité des équipements eux-mêmes, ne pas compliquer leur fonctionnement dans des conditions de combat, ne pas gêner les équipages […] Le poids total de la structure de l’écran va jusqu’à 430 kg. »

La configuration complète vise à avoir des plans inclinés supplémentaires qui ferment les interstices entre le haut et les panneaux latéraux. De très petits espaces sont laissés ouverts pour les lanceurs de fumigènes.

Oleksandr Myronenko, directeur opérationnel de Metinvest écrit dans ce document : « avec des ingénieurs militaires, nous avons analysé les zones d’équipements militaires typiques des dommages causés par les drones, les lieux vulnérables qui doivent être protégés et équipés de structures de protection supplémentaires. »

Blindage réactif

Parallèlement, le char américain qui a déjà un blindage réactif explosif s’est vu équipé de quatre tuiles Kontakt-1 (ERA, Explosive Reactiv Armor) de conception soviétique installées de part et d’autre de l’avant du véhicule protégeant le train avant, point de fragilité pour tout blindé.

Enfin, des tuiles d’explosif réactif ont été ajoutées au dessus et à la face inférieure de l’avant du châssis.

Ces défenses viennent compléter les kits américains M19 (Abrams Reactiv Armor Tiles, ARAT). Il est assez étrange de voir ce mélange de matériels d’origine russe et américaine mais les Ukrainiens font avec ce qu’ils ont de disponible rapidement.

Les systèmes ERA sont destinés à aider à contrer les missiles guidés antichar ATGM, les armes d’infanterie anti-char et certains types d’obus de char.

Décidément, l’« arme miracle » tant demandée par les observateurs peu avertis n’existe définitivement pas. L’important reste toujours les stratèges mais aussi, en bout de course, les équipages, leur motivation et leur formation technique. Les Ukrainiens n’ont jusque là pas manqué des deux… Le problème de Kiev est ailleurs : les effectifs disponibles insuffisants.

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Texte

ALAIN RODIER