Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a démis Serhiy Roud son chef de service de protection (UDO) depuis 2019 après la découverte d’un complot visant à l’assassiner pour le compte du FSB russe. Aucune raison n'a été avancée pour son limogeage qui a été seulement annoncé par un décret présidentiel.

Le département de protection de l’État (UDO) est essentiel pour la sécurité non seulement du président, mais aussi des autres personnalités gouvernementales d’Ukraine et pour leurs familles. Ce département est un organisme de protection directement subordonné au Président mais placé sous le contrôle du parlement national ukrainien.

Cette éviction fait suite à l’arrestation de deux colonels de cette unité le 7 mai soupçonnés d’appartenir à un réseau d’agents clandestins piloté par le FSB russe.

 

Ce vaste complot visait le président mais aussi son entourage, le chef du renseignement militaire Kyrylo Budanov (dont l’épouse aurait déjà été victime d’une tentative d’empoisonnement) et le chef du service de sécurité de l’État du SBU, Vasyl Malyuk.

Malyuk a déclaré que l’affaire devait avoir lieu juste avant l’ouverture du cinquième mandat de Vladimir Poutine.

Les conjurés devaient enlever le président ukrainien et le tuer. En même temps, M. Budanov aurait été la cible d’attaques de roquettes, de drones et de grenades antichar durant les cérémonies de la Pâques orthodoxe du 5 mai.

Rien n’indique que Serhiy Roud, 47 ans, avait un lien avec le complot bien que l’un des deux colonels arrêtés, Andriy Huk, ait été un de ses camarades de promotion dans l’académie des troupes frontalières il y a de nombreuses années.

Le major général Roud a servi dans l’armée ukrainienne puis dans la sécurité de l’État.

Depuis que les spetsnaz russes ont tenté de  s’infiltrer à Kiev afin d’assassiner le président Zelensky dans les heures qui ont suivi le début de l’invasion de l’Ukraine en février 2022, les complots pour l’assassiner ont été nombreux.

La CIA avait même proposé à l’époque de l’exfiltrer pour le mettre en sécurité, ce qu’il avait refusé.

Le président Zelensky qui est devenu méfiant a souvent remplacé des responsables militaires et sécuritaires dont le plus récent était le commandant des forces spéciales, le colonel Serhiy Lupanchuk.

Le général en chef Valerii Zaluzhnyi, a lui-même été remplacé en février 2024 avec tous les honneurs puisqu’il a été a été désigné ambassadeur au Royaume-Uni tout en recevant le titre de « Héros d’Ukraine. »

Le SBU a déclaré que trois officiers  du FSB avaient supervisé l’organisation du complot. L’un d’eux, Dmytro Perlin, recrutait des agents bien avant l’invasion de l’Ukraine. Un autre membre du FSB, Oleksiy Kornev, aurait organisé des « réunions conspiratives » dans les États européens voisins avant l’invasion avec l’un des colonels ukrainiens arrêtés.

Lors de la diffusion d’un interrogatoire d’un des suspects, ce dernier explique comment ils ont reçu des milliers de dollars directement par colis ou indirectement par l’intermédiaire de leurs proches.

Les enquêteurs ont affirmé que les suspects avaient été placés sous surveillance depuis longtemps et l’état d’avancement du complot n’a pas été divulgué.

Déjà en avril, un Polonais a été arrêté et accusé de coopérer avec les services de renseignement russes pour contribuer à un éventuel assassinat de Zelensky.

Au moment où la situation militaire est délicate pour les forces ukrainiennes dans la région de Kharkiv, ces affaires semblent exprimer un certain désarroi au sein des instances dirigeantes à Kiev. Les exemples historiques peuvent laisser à penser qu’une grande fébrilité est de mise au plus haut niveau. La suite est actuellement totalement imprévisible.

Les Occidentaux mettent de grands espoirs dans les lots d’armements qui devraient parvenir à l’Ukraine dans les semaines à venir. Encore faut-il qu’il y ait encore assez de servants pour les utiliser…

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Texte

Alain Rodier