Durant le mois de février 2024, le général Vincent Breton, directeur du Centre interarmées de concepts, de doctrines et d’expérimentations (CICDE), a précisé plusieurs grandes leçons à retenir du conflit en Ukraine. Une intervention très intéressante, où il a présenté les enseignements stratégiques de cette guerre à l’est de l’Europe.

Depuis 2022, on constate un changement d’échelle dans l’intensité de la guerre avec le retour aux combats dits de haute intensité ainsi qu’aux menaces de frappes nucléaires. Aucune comparaison avec la précédente guerre en Europe, dans l’ex-Yougoslavie, durant les années 90.

Ainsi « Moscou a très régulièrement cherché à intimider et à contraindre, en menaçant d’escalade nucléaire », rappelle le général Breton. Et cette menace touche à la fois l’adversaire et ses alliés, mais aussi d’autres pays qui ne sont pas considérés comme des cobelligérants.

« La conflictualité s’étend aux nouveaux domaines que sont le cyber et le champ informationnel. bien que désinformation et propagande ne soient pas nouvelles, les réseaux sociaux et l’hypermédiatisation des sociétés les renforcent et donnent un rôle décisif à cette bataille informationnelle menée par les deux belligérants », note le général Breton. Ces nouveaux domaines d’affrontements s’ajoutent aux espaces traditionnels : terrestre, maritime, aérien, exo-atmosphérique et le champ électromagnétique.

Mais c’est le milieu terrestre le lieu principal des combats qui prime, avec la « redécouverte » de la guerre des tranchées, de l’artillerie et des champs de mines.

Le tout sur un champ de bataille « aujourd’hui plus “ transparent” qu’il ne l’a jamais été. Les satellites d’observation militaires et civils, les drones, le renseignement électromagnétique, les sources ouvertes, les réseaux sociaux, les populations avec leurs smartphones sont autant de capteurs qui permettent de dissiper une partie du “ brouillard de la guerre” ». Et où le moindre mouvement de l’adversaire est repéré et neutralisé, s’il n’a pas bougé en quelques minutes, voire moins.

« La transparence du champ de bataille est paradoxalement contrebalancée par une grande difficulté à saisir les intentions de l’adversaire », poursuit le directeur du CICDE. En effet, les décisions majeures dans chaque camp ont été prises dans des cercles très fermés au sein desquels la rationalité nous échappe.AAAAA Autre leçon : « Depuis deux ans, l’Ukraine nous montre que, dans un conflit de haute intensité, être et durer n’est possible qu’avec une nation unie derrière soi.

Enfin, les deux belligérants s’appuient énormément sur leurs capacités d’agilité et d’innovation.

Si les Ukrainiens ont su utiliser et développer avec efficacité l’emploi des drones et spécialement leur artillerie, les Russes ont, en quelques mois, après des pertes très importantes, su aussi s’adapter et trouver la parade à une innovation développée par l’adversaire.

Bonne lecture
Eric Micheletti

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