Malgré la perte de centaines de véhicules blindés chaque mois, la Russie semble être parvenu à reconstituer ses équipements en ressortant en 2023 des milliers de matériels stockés. Selon de nombreux expert, cela devrait permettre à Moscou de gérer son taux d’attrition pendant encore plusieurs années.

Selon le dernier Military Balance (publié le 12 février 2024), depuis février 2022 lorsque la Russie a lancé son invasion de l’Ukraine, les pertes de véhicules de combat de Moscou ont frôlé les 8.800, dont plus de 3.000 chars de bataille. Selon le même document mais de 2023 (faisant le point en 2022), la Russie alignait à ce moment là 26.806 véhicules blindés et 7.073 chars de bataille.

Elle aurait ressorti l’année dernière du stockage de 1.180 à 1.280 chars de bataille et environ 2.470 véhicules de combat d’infanterie et véhicules blindés de transport de troupes.

Mais il convient de noter qu’aujourd’hui, les pertes de chars russes au combat sont supérieures à celles qu’elles étaient au début de l’invasion en 2022.

La Russie possèderait diverses installations de réparation et de rénovation dont dix bases centrales et au moins 37 bases de stockage mixtes d’équipements et d’armements et un minimum de 12 centres de stockage de pièces d’artillerie.

Les auteurs du rapport, Yohann Michel et Michael Gjerstad disent : « nous estimons donc que la Russie sera capable de poursuivre son attaque contre l’Ukraine au taux d’attrition actuel pendant encore deux à trois ans et peut-être même plus longtemps. »

Cependant, ils soulignent que la stratégie du Kremlin consistant à s’appuyer sur des équipements existants stockés, souvent assez anciens, a un coût : « les véhicules qui sortent des installations de production russes ne sont dans la plupart des cas pas neufs. Ce faisant, le pays doit sacrifier la qualité au profit de la quantité. »

Cela a également un impact sur la tactique, les matériels anciens ne pouvant remplir les mêmes missions que les engins modernes. Par exemple, les chars de type T-64 et T-72 sont plutôt déployés comme des canons d’assaut en soutien de l’infanterie et sont très vulnérables aux nouvelles armes du champ de bataille qui ont révolutionné la guerre terrestre : les drones.

Sur le plan des personnels, les besoins en hommes font que spectre du recrutement est plus large englobant des recrues qui auraient été jugées inaptes en temps normal. La formation adéquate  a été abandonnée afin de répondre aux besoins en effectifs au combat.

Le rapport de l’IISS précise : « des taux de pertes constamment élevés ont maintenu la plupart des unités en dessous de leurs effectifs. Le manque d’officiers de remplacement et le temps de formation limité alloué au personnel nouvellement mobilisé ont considérablement entravé l’efficacité au combat de nombreuses unités.»

Il conclut : « les déclarations optimistes des responsables du gouvernement et de l’industrie sur le recrutement et la production d’équipements pour soutenir les forces déployées en Ukraine en 2023 semblent démentir la réalité. »

Les budgets de la défense

En ce qui concerne les finances consacrées à la défense, d’autres experts soulignent que « la Russie a augmenté son budget officiel de la défense pour 2024 de plus de 60 % sur un an passant à 376,7 milliards de dollars. Les dépenses militaires totales représentent désormais un tiers du budget national et atteindront environ 7,5 % du PIB, ce qui témoigne de l’accent mis sur l’effort de guerre. » Le budget correspondant américain sera de 886 milliards de dollars soit un peu plus du double de celui de la Russie.

Comme le montre le graphique ci-avant qui dépeint les dépenses militaires en 2023, on s’aperçoit que l’écart se resserre entre la Russie, les États-Unis. A savoir que les USA avait alors un budget bien plus élevé que celui de la Russie : 909,5 milliards de dollars contre 108,5 milliards de dollars. Les principaux alliés de l’Otan, Grande Bretagne, Allemagne, France et Italie cumulaient à eux seuls 229,9 milliards de dollars…

Mais il est vrai que le blindé et le fantassin russes coûtent moins chers que leurs homologues de l’OTAN et les chiffres sont à prendre avec précaution et pondération car « comparaison n’est pas raison. »

Publié le

Texte

Alain Rodier