Selon une étude d’un think tank américain, la situation en Ukraine se dégrade progressivement pour Kiev qui semble usé politiquement et militairement par la guerre qui se prolonge.
Si le pouvoir fait mine de croire qu’une victoire permettant la reconquête de tous les territoires annexés par la Russie est encore possible, cette assertion ne convainc plus les alliés et, peut-être plus grave encore, plus la majorité de la population ukrainienne.
Mais pour sa part Moscou n’est pas non plus en mesure de remporter une victoire significative dans les semaines à venir. Le président Vladimir Poutine qui le sait mise tout sur une guerre longue qui devrait épuiser à terme son adversaire (pour lui, l’Ukraine et l’OTAN).
Actuellement sur le terrain, c’est surtout la guerre des tranchées qui caractérise la majeure partie des combats dans le sud et l’est du pays (1).
Le seul point d’affrontements acharnés pour l’instant est la ville d’Avdiivka dans la région de Donetsk (Est de l’Ukraine). Selon des déclarations de journalistes ukrainiens, la situation des défenseurs devient critique. Plus qu’ailleurs où la situation est relativement figée, le manque de munitions d’artillerie et de ressources humaines s’y fait cruellement sentir.
L’effort pour reprendre Avdiivka avait été relancé par Moscou à l’automne 2023 et depuis les forces russes ont progressé très lentement dans leur tentative d’encerclement de la localité mais cela au prix de lourdes pertes humaines et matérielles.
La principale formation ukrainienne en ligne à Avdiivka est la 110e brigade mécanisée indépendante serait épuisée.
Sur le plan purement tactique, la prise de la ville par les Russes n’aurait pas de conséquence immédiate. C’est sur le plan moral que cela risque de jouer.
Et ce dernier n’est pas extraordinaire au sein de la population ukrainienne d’autant que des les rumeurs d’un éventuel bouleversement important au sein du ministère ukrainien de la Défense tournent à la crise politique.
Le président Volodymyr Zelensky qui se rend souvent sur le front pour soutenir ses troupes envisagerait de remplacer de nombreux dirigeants du pays, dont le chef des forces armées ukrainiennes, le très populaire général Valerii Zaluzhni avec lequel il est en désaccord stratégique depuis des mois.
Zaluzhni avait conscience que la contre-offensive du printemps (2023) ne déboucherait pas sur une grande percée décisive faute de moyens et qu’elle avait été décidé contre vents et marée par le président Zelensky qui s’était pris pour un grand « stratège militaire » alors qu’il n’est qu’un « acteur. » Aujourd’hui, il lui reproche de ne pas vouloir déclarer la mobilisation générale qui amènerait de 450.000 à 500.000 sous les drapeaux. Il est vrai que cette décision politique est délicate tant l’enrôlement dans l’armée ukrainienne pose de plus en plus question.
Toutefois, la loi martiale qui a été instituée au début de l’invasion russe puis a été prolongée à plusieurs reprises jusqu’au 14 février 2024 devrait se poursuivre jusqu’au 14 mai…
Le général Kyrylo Budanov, le chef de la Direction générale du renseignement du ministère de la Défense qui a conduit avec succès nombre d’opérations spéciales spectaculaires contre la Russie pourrait être le remplaçant de Zaluzhni.
Mais le président Zelinsky a aussi bien précisé que le remplacement d’une partie des responsables ne concerne pas uniquement les forces armées. Il replace ces changements potentiels dans le cadre d’une « réinitialisation » de l’effort de guerre avant le deuxième anniversaire de l’invasion russe.
L’avenir de l’Ukraine se joue à Washington ?
Dans un discours prononcé cette semaine à la Maison Blanche, le président Joe Biden a accusé les Républicains de se ranger à l’avis de Donald Trump et de s’opposer à un projet de loi qui, fournirait des milliards de dollars à l’Ukraine et à l’État hébreu et qui renforcerait la position de l’Amérique dans le Pacifique tout améliorant la politique d’immigration aux États-Unis: « toutes indique que ce projet de loi n’avancera même pas au Sénat […] Pourquoi ? Une raison simple : Donald Trump. »
Le paquet législatif préparé par l’administration de Joe Biden avec les Démocrates et les Républicains du Sénat, se monterait à 118 milliards de dollars. Dans le détail, le projet de loi bipartisan comprend 60 milliards de dollars d’aide à l’Ukraine et 14,1 milliards de dollars pour la guerre à Gaza.
Même avant la publication du projet de loi, les dirigeants de la Chambre des représentants républicains avaient affirmé qu’ils le rejetteraient, et qu’au lieu de cela, ils voteraient sur un projet de loi fournissant une aide exclusivement à l’État hébreu.
Conséquence de la réticence du Congrès à approuver cette loi, le Pentagone a été obligé de suspendre les livraisons de certaines armes à Kiev.
Cela est dramatique et désavantage Kiev par rapport à son adversaire numériquement supérieur.
1. Voir : « PERSPECTIVES UKRAINIENNES POUR 2024 » du 20 décembre 2023.
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