Le 18 décembre, la Corée du Nord a tiré de nouveau un missile balistique intercontinental (intercontinental ballistic missile ou ICBM) potentiellement apte à atteindre les États-Unis.

Ce lancement a suivi de quelques heures par celui d’un missile à courte portée.

Ces deux tirs consécutifs surviennent quelques jours après que Washington et Séoul aient averti Pyongyang que « toute attaque nucléaire » contre les États-Unis ou leurs alliés entraînerait la fin du régime de Kim Jong-Un, le « grand leader » nord-coréen.

Le vol a duré 1H13, le missile atteignant une apogée de plus de 6.000 km. À environ 09H37 heure japonaise (00H37 GMT), il s’est abîmé en mer à plus de 1.000 kilomètre de son point de départ mais en dehors de la zone économique exclusive (ZEE) japonaise.

Comme à l’habitude, Séoul a « fermement condamné » l’essai estimant qu’il faisait « peser une grave menace sur la paix et la sécurité de la péninsule coréenne et de la communauté internationale ».

Plus inquiétant et relativement nouveau, le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a ordonné une riposte « immédiate et écrasante » à toute provocation de Pyongyang et à une réponse conjointe avec les États-Unis et le Japon. La question qui se pose est : à quel niveau doit se trouver la « provocation » pour entraîner une réponse « écrasante » ?

Les États-Unis ont eux-aussi condamné le tir, tout en précisant que ces lancements « constituent une violation de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies ».

Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a estimé que ces tirs représentaient une « menace pour la paix et la stabilité dans la région ».

La Corée du Nord avait déjà procédé cette année à quatre essais d’ICBM (1), dont le dernier, un Hwasong-18 à trois étages remonte à juillet (2).

Il est possible que ce soit le même type de missile à carburant solide qui ait été lancé.

L’avantage de ce type d’armement est qu’il peut être rapidement mis en œuvre depuis son véhicule érecteur-lanceur, soit depuis des positions préparées à l’avance (c/f photo ci-après), soit en pleine nature.

Les États-Unis et la Corée du Sud ont participé le 15 décembre à une deuxième session du Groupe consultatif nucléaire à Washington axée sur la dissuasion nucléaire en cas de conflit avec la Corée du Nord. C’est à cette occasion que la Maison-Blanche a averti que toute attaque nucléaire de Pyongyang mettrait fin au régime.

Deux jours après, un porte-parole du ministère nord-coréen de la défense a dénoncé un projet des alliés d’ajouter l’an prochain un exercice nucléaire à leurs exercices militaires conjoints annuels en menaçant clairement d’une « contre-attaque préventive et mortelle  […] Il s’agit d’une déclaration officielle sur une confrontation nucléaire visant à faire de l’utilisation d’armes nucléaires contre la République démocratique de Corée un fait accompli ».

Dans le domaine de la haute technologie, en novembre la Corée du Nord a réussi à placer en orbite son premier satellite espion « Malligyong-1 » après deux échecs en mai et en août.

Globalement, il semble que les États-Unis sont confrontés à de plus en plus de situations conflictuelles de par le monde dont l’évolution est imprévisible : Corée du Nord, Ukraine-Russie, Israël-Hamas, Chine-Taïwan, Iran par mouvements interposés (Hamas, Hezbollah, Syrie, Irak, Houthis yéménites), Venezuela-Guyana, Arménie-Azerabïdjan, etc.

La raison est que malgré les déclarations tonitruantes de la Maison-Blanche, les États-Unis sont affaiblis depuis les multiples revers connus en Afghanistan, sur le continent africain, en Asie centrale, etc. De plus, l’année électorale présidentielle qui vient ajoutée au phénomène « woke » qui affaiblissent le sens des « valeurs universelles » sont très déstabilisateurs pour le pouvoir US. Tous les pouvoirs étrangers qui ne sont pas fondamentalement pro-américains saisissent l’occasion pour avancer leurs pions sachant qu’il n’y aura pas de réponse énergique à court ou moyen terme. En résumé, les États-Unis ne font plus peur à leurs adversaires actuels ou potentiels.

 

1. Voir : « Nouveau tir de missiles nord-coréens » du 20 février 2023.

2. Voir : « Deuxième essai d’un ICBM à carburant solide en Corée du Nord » du 17 juillet 2023.

 

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Texte

Alain Rodier