Si dans le passé, la cause palestinienne a été à l’origine de nombreux attentats terroristes en Europe, le plus célèbre reste l’attaque de la délégation israélienne aux Jeux Olympique de Munich en 1972 par un commando de l’organisation Septembre noir dépendant du Fatah.
Souvent, les attentats ont été menés par des organisations connues comme le Fatah-Conseil révolutionnaire (dît Abou Nidal), des branches de l’OLP (Front populaire pour la libération de la Palestine – FPLP –, Front démocratique pour la libération de la Palestine, Front de libération de la Palestine, Front de libération arabe, As-Saiqa, Front de lutte populaire palestinien, Front arabe palestinien, Front de lutte populaire palestinien), des Groupes associés au Fatah (Tanzim, Force 17, Brigade Ahmed Abu Reish, Groupe des opérations spéciales du Fatah, Brigades des martyrs d’al-Aqsa, Septembre noir) et enfin le Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG).
Il est aussi arrivé que des individus ou des groupuscules isolés aient décidé de passer à l’action de leur propre initiative.
Les motivations initiales étaient politiques liées à un nationalisme palestinien fortement imprégné d’idéologie marxiste-léniniste. D’ailleurs, la cause palestinienne a été défendue par de nombreux groupes d’extrême-gauche terroriste européens dans les années 1960-1980 : Fraction armée rouge (Allemagne), Brigades rouges (Italie), Action directe (France), mouvements qui ont également été discrètement soutenus par les services secrets du Pacte de Varsovie. Il était de bon ton pour les activistes qui en avaient les moyens de se rendre dans des camps d’entraînement palestiniens en Jordanie, en Libye, au Liban, au Yémen…
Un exemple de l’époque : le terroriste antisioniste vénézuélien Ilich Ramírez Sánchez alias « Carlos » qui purge aujourd’hui une peine de prison à perpétuité en France. Il a fait les écoles du KGB et du FPLP avant de prendre la direction des « opérations extérieures » du FPLP.
Mais ces organisations se sont progressivement intéressées au politico-religieux, l’islamisme radical devenant leur moteur idéologique principal. Ainsi des groupes se sont tournés vers Al-Qaïda (Jaysh al-Islam, Brigades Abdallah Azzam, Jund Ansar Allah, Jund al-Sham, Jaljalat, Jahafil Al-Tawhid Wal-Jihad fi Filastin) et d’autres vers Daech (Brigade du Cheikh Omar Hadid, etc.).
Jusqu’à présent, le Hamas fondé en 1987 n’avait pas mené d’action terroriste revendiquée en Europe qui lui servait principalement de base arrière dont le premier objectif était de récolter des fonds. Il est possible que l’évolution de la guerre dans la bande de Gaza ayant débuté le 7 octobre ne pousse le mouvement politico-religieux à lancer des actions terroristes en dehors d’Israël et en particulier en Europe.
Selon la justice allemande, le Hamas (« Harakat al-Muqawama al-Islamiya ») est une organisation avec orientation islamiste militante. Son objectif déclaré est la destruction d’Israël et l’établissement d’un État palestinien régi par la charia sur l’ensemble de l’ancien mandat britannique de Palestine, entre la Méditerranée et la Jordanie. Le groupe rejette tout État laïc comme étant athée et considère la charia comme la seule base légitime de l’action de l’État.
C’est ainsi que le 14 décembre plusieurs personnes suspectées de planifier des attentats antisémites ont arrêtées en Allemagne, au Danemark et aux Pays-Bas
Arrestations en Allemagne
En Allemagne, le parquet fédéral a confirmé l’arrestation de quatre membres présumés du Hamas soupçonnés de vouloir préparer de « possibles attentats contre des institutions juives en Europe ». Selon un communiqué, les quatre individus seraient des activistes proches des Brigades Izz al-Din al-Qassam (branche militaire du Hamas) qui auraient reçu pour mission d’amener des armes à Berlin en vue d’éventuels attentats.
Abdelhamid Al A. et Ibrahim El-R., tous deux nés au Liban, et l’Egyptien Mohammed B. ont été appréhendés à Berlin.
Nazih R., de nationalité néerlandaise, a quant-à lui été arrêté à Rotterdam dans le cadre d’un mandat d’arrêt européen.
Le parquet qui n’a pas révélé les noms de famille a néanmoins précisé : « au plus tard à partir du printemps 2023, Abdelhamid Al A. a été chargé de localiser, pour le compte du Hamas, un dépôt souterrain d’armes en Europe que l’organisation avait caché dans le passé ». Il recevait ses ordres de responsables du Hamas basés au Liban.
Cela démontre que le Hamas a développé depuis des années des réseaux en Europe où il a créé des caches d’armes pour le « cas où ». Les ordres venaient du Liban, ce qui n’est pas étonnant puisque le Hamas y est présent aux côtés du Hezbollah libanais qui lui a une grande expérience des opérations extérieures sous la houlette de son mentor iranien.
« Les armes devaient être transférées à Berlin et mises à disposition pour d’éventuels attentats contre des institutions juives en Europe […] En octobre 2023, Abdelhamid Al A., Mohamed B. et Nazih R. sont partis à plusieurs reprises de Berlin à la recherche des armes […]. Ils ont été soutenus dans leur entreprise par Ibrahim El-R ».
Cette décision est à mettre en perspective du déclenchement de la guerre de Gaza.
Arrestations au Danemark et aux Pays-Bas
Le même jour, la police et les services de renseignement ( PET, Politiets Efterretningstjeneste, Service de renseignement de la police ) danois ont annoncé l’arrestation de quatre personnes, trois au Danemark et une aux Pays-Bas, là aussi pour contrer un projet d’attentat terroriste.
Le bureau du Premier ministre israélien a affirmé que les suspects étaient liés au Hamas mais la police danoise a refusé de confirmer un lien éventuel entre ses différentes arrestations et celles intervenues en Allemagne. Cette simultanéité n’est certainement pas un pur hasard…
L’appartenance au Hamas de ces individus n’est pas officiellement reconnue. Les renseignements danois ont d’ailleurs précisé en soirée que ces interpellations n’avaient « pas de lien direct » avec celles effectuées en Allemagne…
Mais, le directeur des opérations des services de renseignement, Flemming Drejer, a tout de même indiqué que les arrestations concernaient « un groupe qui était en train de préparer un acte de terrorisme […] Il y a des liens avec des pays étrangers » et le crime organisé.
La police a dit qu’elle allait augmenter sa présence à Copenhague mais que la capitale danoise restait « sûre ».
Selon la Première ministre, Mette Frederiksen, ce coup de filet « montre la situation dans laquelle nous nous trouvons au Danemark ». Pour elle, cela fait « plusieurs années que nous avons pu constater qu’il y a des gens qui vivent au Danemark et qui ne nous veulent pas du bien, qui sont contre notre démocratie, notre liberté et qui sont contre la société danoise ».
Dans ce pays, les services de renseignement considèrent désormais la menace terroriste comme « critique », la plaçant au niveau d’alerte de quatre sur cinq.
Les activistes du Hamas et d’autres mouvements défendant la cause palestinienne, sont aussi présents parmi les migrants qui ont trouvé refuge au sein des pays européens comme la Grèce (image ci-après).
Ces populations sont soutenues par nombre d’ONG mais aussi par des militants de tendance anarchiste européens – mais pas que…- et il est à craindre un retour à une période ressemblant aux « années de plomb » en Europe (fin des années 1960 – fin des années 1980). Ce fut une période caractérisée par la montée en Europe de l’Ouest d’un activisme politique violent, pratiquant souvent la lutte armée, notamment pour l’extrême gauche communiste mais aussi pour l’extrême droitenéofasciste.
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