La « pause humanitaire » négociée entre Israël et le Hamas via les bons services du Qatar – sous la haute supervision des États-Unis - qui devait précéder le 23 novembre un premier échange d’otages (détenus parle le Hamas) et de prisonniers (détenus par Israël) a été retardée. Doha a annoncé que la trêve devait débuter le 24 novembre à 07 H 00 heure locale.

Selon le journaliste Mohamed Sifaoui très au fait de la situation au Proche-Orient, le désaccord entre les deux parties porte sur l’intermédiaire qui est appelé à récupérer les otages d’un côté et les prisonniers de l’autre. Le Hamas ne veut entendre parler de l’intervention de La Croix rouge. Il refuse aussi que des représentants de cette organisation visitent les otages comme le souhaitent les Israéliens. Le Hamas ne consentirait qu’à remettre ses otages qu’aux autorités égyptiennes. Les treize premiers (des mineurs) devraient être remis aux Égyptiens au point de passage de Rafah ce jour dans l’après-midi.

Pour mémoire, le Hamas est une organisation terroriste qui n’a que faire des Droits humains sauf pour utiliser le concept pour manipuler les opinions publiques occidentales (et les ONG) qui, en retour font pression sur leurs gouvernants dans le sens voulu par les terroristes… En rappel, 40 Français, très majoritairement binationaux franco-israéliens ont été tués lors de cette opération et huit sont portés disparus, peut-être otages…

Le Premier ministre Benyamin Netanyahu a aussi commis une énorme bourde qui a pu retarder le processus annonçant le 22 novembre à la presse que le Mossad avait reçu l’ordre d’agir contre les dirigeants du Hamas « où qu’ils soient ». Il faut se rappeler que le Qatar abrite de nombreux responsables du mouvement terroriste et que c’est par eux que les négociations ont pu débuter.

 

Cela rappelle l’opération « colère de Dieu » qui fut menée par l’unité Kidon (baïonnette) pendant vingt ans suite à l’attentat contre la délégation sportive israélienne aux Jeux Olympiques de Munich de 1972.

Théoriquement, le Hamas détient 239 otages qu’il a récupérés lors de son raid du 7 octobre. La chose est bien plus complexe.

Nul ne sait combien d’otages sont encore en vie et dans quel état ; certains (surtout les femmes et les militaires) risquent de ne plus être « présentables » et il est possible que les terroristes les feront disparaître par exemple en affirmant qu’ils ont été tués par des bombardements israéliens.

Le Hamas ne détiendrait pas tous les malheureux capturés le 7 octobre. Lors de son raids, il était suivi par d’autres groupes dont le Jihad Islamique Palestinien (JIP) et des éléments qui semblaient incontrôlés et incontrôlables qui « se sont servis au passage »…

Si le premier échange échelonné de 50 otages contre 150 prisonniers a bien lieu, se posera ensuite la question pour les autres. Les Israéliens seraient prêts à libérer 300 prisonniers (comptant 33 femmes et 267 jeunes de moins de 19 ans). En mai 2023, l’ONG palestinienne Addameer estimait que, selon on expression qui lui est personnelle, 4.900 « prisonniers politiques » palestiniens étaient emprisonnés, ce qui laisse une marge de manœuvre à l’État hébreu. Pour l’instant, il n’est pas question pour les Israéliens de rendre les prisonniers faits depuis le 7 octobre. Enfin, leHamas ne doit pas être particulièrement intéressé par la libération de membres de l’Autorité palestinienne et du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP) avec laquelle il est en conflit hors parmi les 300 noms proposés par Israël, seul 49 correspondent à des membres du Hamas.

Selon certaines sources, Benyamin Netanyahu est totalement « déterminé à récupérer tous les kidnappés ». Dans ce cadre, il serait envisageable qu’en échange de la libération de dix otages supplémentaires contre trente autres détenus palestiniens, la trêve pourrait être prolongée d’un jour.

Enfin, ces remises de détenus en sécurité sont très compliquées à organiser car elles n’auront pas lieu au même endroit.

Plus globalement, si la riposte d’Israël au raid sanglant dirigé très majoritairement contre des civils israéliens le 7 octobre a d’abord été largement acceptée par les pays occidentaux comme un « droit à la légitime défense », les discours ont progressivement évolué. Il faut dire que nombre d’otages ont la double nationalité et, encore plus important, la rue – et pas uniquement arabo-musulmane – a pris fait et cause pour les Palestiniens… Le risque d’« exportation du conflit palestinien » à l’étranger avec des développements imprévisibles que les dirigeants politiques sont obligés de prendre en compte.

Depuis l’annonce du début des négociations au Qatar, les medias occidentaux se sont montrés très optimistes. Or le processus peut capoter à tout moment et la guerre ouverte et secrète va se poursuivre pendant des années.

D’ailleurs, Israël a déclaré : « le gouvernement, les forces armées et les services de sécurité [israéliens] poursuivront la guerre afin de récupérer toutes les personnes kidnappées, achever l’élimination du Hamas et s’assurer que Gaza ne constituera aucune menace pour l’État d’Israël ».

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Texte

Alain Rodier