Le colonel Ants Kiviselg, chef du centre de renseignement militaire des Forces de défense estoniennes a annoncé le 21 octobre que la Russie possédait actuellement assez d’obus d'artillerie pour tenir au moins un an.

Parallèlement, il estime que le renforcement des forces russes dans les zones d’Avdiivka (oblast de Donetsk) et de Koupiansk (oblast de Karkiv) pourrait indiquer la préparation d’une nouvelle offensive : « Je dois admettre que les mesures prises par la Fédération de Russie à l’est et au nord-est pourraient conduire au fait que, dans les semaines à venir, l’armée russe tentera d’exploiter ses succès en y envoyant des forces supplémentaires et poursuivra l’offensive sur ce secteur du front ».

Selon les observations de l’état-major estonien, pour le moment, les principaux efforts russes porteraient sur les régions d’Avdiivka et de Lyman.

Si 20 à 40 bombardements par jour étaient enregistrés dans ces zones cet été, ils seraient aujourd’hui passés à environ 76 journellement sur ces fronts.

Cette version semble confirmée par l’arrivée dans les unités de quelques 350.000 obus d’artillerie livrés de la Corée du Nord.

Selon le chef du renseignement militaire estonien, il s’agit là d’une importante reconstitution des stocks russes de munitions.

Et de préciser : « Si nous avons vu la Russie tirer environ 10.000 obus en une journée, alors la quantité de munitions envoyées par la Corée du Nord devrait être suffisante pour un mois et demi […] Selon nos calculs, la Russie devrait encore disposer d’environ quatre millions de munitions d’artillerie. Cela [signifie qu’elle] pourrait continuer à l’intensité relativement faible actuellement de 10.000 obus par jour pendant un peu plus d’un an ».

Auparavant, le Service de défense britannique indiquait que la Russie avait commencé une offensive coordonnée dans plusieurs directions dans l’est de l’Ukraine, la décrivant comme la plus grande opération de Moscou depuis janvier 2023. Toutefois, ils exprimaient des doutes quant à la réalisation de ses objectifs.

Selon les services estoniens « des informations font état de jusqu’à 1.000 conteneurs maritimes expédiés [de la Corée du Nord vers la Russie]… En supposant qu’un conteneur maritime peut contenir 300 à 350 munitions d’artillerie… un total de 300.000 à 350.000 obus ont été transférés ».

Il ne faut pas sous-estimer ces livraisons. Même 50.000 à 100.000 obus d’artillerie nord-coréens par mois feront une différence sur le champ de bataille si ce rythme peut être maintenu.

Par contre, les performances de ces munitions d’artillerie nord-coréennes est sujette à caution. Ces obus manqueraient de précision et 20% n’exploseraient pas à l’impact.

Ci-après, des munitions nord-coréenne photographiés en Russie : obus HE-FRAG de 122 mm et 152 mm.

Enfin, l’hiver venant, les services estoniens craignent que la Russie ne reprenne des bombardements contre les infrastructures énergétiques de l’Ukraine « dans les semaines ou le mois à venir ».

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Texte

Alain Rodier