Selon l’organe de presse américain Bloomberg qui cite l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale et le site d'analyse open source Oryx, les nombres de chars ukrainiens et russes sont désormais à peu près égaux au début juillet 2023 environnant les 1 500.

Les chiffres soulignent à quel point l’avantage de la Russie en matière d’armes lourdes a été réduit depuis qu’elle a envoyé des troupes en Ukraine fin février 2022.

Selon l’Ukraine Support Tracker de l’Institut de Kiel, la Russie a perdu plus de 2 000 des 3 417 chars qu’elle avait engagé pour envahir l’Ukraine.

Le site Oryx estime qu’il reste à l’heure actuelle à l’armée russe quelques 1 400 chars de bataille.

Il ajoute que l’Ukraine de son côté a perdu 550 des 987 chars dont elle disposait au début du conflit mais qu’elle est parvenue  à capturer 545 chars russes.

Les alliés occidentaux ont transféré 471 chars à Kiev et 286 autres devraient arriver prochainement.

Au total, les forces armées ukrainiennes sont estimées à environ 1.500 chars de bataille.

Yohann Michel, spécialiste de la guerre terrestre à l’Institut international d’études stratégiques (IISS) a déclaré à Bloomberg que malgré le nombre égal de chars, l’Ukraine aura encore du mal dans sa contre-offensive contre la Russie : « le problème est que l’Ukraine a maintenant besoin de regagner du terrain ; elle est donc à l’offensive contre des défenses bien préparées et pour cela, il faut un avantage solide ».

Il est évident qu’une supériorité en artillerie est nécessaire pour appuyer les forces montant à l’assaut mais il faut aussi que ces dernières soient suffisantes pour renverser les lignes de défenses adverse puis tenir les positions conquises.. Elles constituent le « fer de lance » de l’offensive.

Bloomberg a toutefois noté qu’il est probable qu’il y ait des inexactitudes dans les données rapportées en raison du fait que les pertes réelles de chars sont classées « secrets d’État » par la Russie et l’Ukraine.

Les informations fiables concernant le nombre de chars remplacés manquent aussi cruellement. Par exemple, s’il est aisé d’obtenir des photos de chars russes détruits car elles sont largement diffusées par la presse occidentale, la tâche est plus ardue pour trouver leur pendant ukrainien.

Mais plusieurs choses peuvent être notées.

La Russie semble avoir réengagé des vieux chars T-54/55, T-62 pour remplacer les T-72 et autres T-80 (et quelques T-90) détruits. Leur emploi tactique est différent car l’obsolescence de leur conception générale les empêche d’être engagés dynamiquement en première ligne. Ils servent plus de canons d’assaut (ou défensifs) selon la vieille méthode soviétique de l’enfouissage pratiquée par les deux partis.

Les capacités de production des usines d’armements russes restent limitées et il ne faut pas s’attendre à découvrir un flux important de chars modernes russes.

Par contre, personne ne sait où se trouvent les « ultra-modernes » T-14 Armata…

Globalement pour Moscou la situation des chars de bataille est délicate. Mais il semble que les Russes ont une certaine « unité » de matériel ce qui facilite la chaine logistique et de réparation.

Les Ukrainiens ont les mêmes chars que les Russes sur le standard T-72. Ils reçoivent actuellement des chars occidentaux de différentes factures : Léopard 1 & 2, Challenger et vraisemblablement bientôt M1 Abrams.

En dehors du problème de la formation des équipages (et des unités, ce qui prend beaucoup plus de temps), il y a celui de la chaine logistique qui est tout simplement ingérable. Les héros de la guerre sont bien sûr d’abord les combattants, mais aussi les mécaniciens sans qui rien ne serait possible.

Enfin, tous les tankistes savent que la valeur d’une unité est dans ses équipages. Il n’y a pas de « miracle matériel ».

Un char ancien mais bien servi par des militaires motivés sera plus efficace que son homologue plus moderne si le personnel armant ce dernier n’est pas motivé.

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Texte

Alain Rodier