La police autrichienne a mené un raid contre le groupe de bikers Bandidos MC (Motor club) le 26 juin. L’affaire n’a été rendue publique que le 29 du même mois.

Le ministre autrichien de l’Intérieur Gerhard Karner a déclaré lors d’une conférence de presse : « le ministère de l’Intérieur agit contre toute forme d’extrémisme de manière résolue, décisive et vigoureuse […] Cette affaire montre une fois de plus à quel point la coexistence démocratique dans notre pays est protégée de manière complète et durable et comment l’extrémisme – qu’il soit politiquement ou religieusement motivé – est combattu avec toute la véhémence ».

De son côté, l’agence autrichienne de renseignement intérieur, DSN, a émis le communiqué de presse disant : « lors des perquisitions domiciliaires du 26 juin, à elles seules environ 35 armes d’épaule, 25 pistolets mitrailleurs, 100 pistolets, plus de 1.000 pièces d’armes, environ 400 des pistolets de signalisation et plus de 10 000 cartouches, ainsi que des lance-grenades fumigènes ont été saisis ».

La police a également trouvé divers accessoires nazis tels que des drapeaux à croix gammée, des uniformes militaires et des casques, ainsi qu’environ un kilo de cocaïne et quelques cinq kilos de cannabis.

Treize lieux privés ont été perquisitionnés durant la dernière semaine de juin dans les États de Haute et Basse Autriche.

Six personnes ont été arrêtées. La DSN a déclaré qu’elles étaient susceptibles de faire face à diverses accusations liées aux armes à feu, aux stupéfiants et à la prohibition de détenir des insignes nazis. Comme en Allemagne depuis la fin de la dernière guerre mondiale, de nombreux symboles fascistes de l’époque nazie tels que la croix gammée sont illégaux en Autriche.

Les enquêteurs autrichiens ont déclaré que l’un des suspects avait des liens étroits avec la direction du groupe criminel d’extrême droite « Object 21 » qui avait été démantelé en 2013 lorsque sept dirigeants de cette formation avaient été condamnés à de la prison.

En réalité, ce groupe est passé sous le statut d’un club axé sur les questions culturelles et les loisirs mais il s’est avéré qu’il comprenait nombre d’extrémistes et qu’il participait également à diverses entreprises criminelles.

Les « Bikers » qui regroupent des clubs de motards allemands sont souvent confrontés à des difficultés juridiques similaires.

Les autorités autrichiennes ont déclaré qu’il y avait des informations selon lesquelles les clubs analogues en Autriche auraient également des liens avec des motards dans l’est de l’Allemagne.

Les « Bandidos »

Les forces de l’ordre autrichiennes ont déclaré que les Bandidos Motorcycle Club étaient sur leur radar depuis décembre 2022 : « après avoir appris que le Bandidos MC cherchait à s’étendre en Autriche et aimerait établir des bases, des soi-disant chapitres, ici ».

Ils ont d’abord été mis en alerte, ont-ils dit, car, « en Suisse, des développements similaires dans le passé ont conduit à de violents affrontements entre les Bandidos et les membres du Hells Angels MC qui s’y trouvent ».

Dans le cadre d’enquêtes plus larges sur les Bandidos, les autorités autrichiennes affirment que 10 arrestations ont été effectuées au total et que des enquêtes préliminaires ont été lancées contre 34 suspects.

Le chef de la police fédérale d’investigation (le BKA), Andreas Holzer, a salué le travail des enquêteurs mais a averti que leur travail s’était « révélé difficile » en raison de contraintes techniques. « Pour le moment, pour des raisons juridiques, il n’est pas possible de surveiller les services de messagerie que les auteurs utilisent principalement » a déclaré Holzer. « Nous devons fournir aux autorités de poursuite les outils appropriés pour l’accomplissement de leurs missions. L’objectif doit être de mettre en place un moyen de surveillance des communications cryptées qui soit également conforme à notre constitution. Grâce à cela, les enquêtes pourraient avancer plus rapidement et les actes criminels pourraient être empêchés ».

Omar Haijawi-Pirchner, le chef de l’agence de renseignement du pays (DSN) a affirmé que « les enquêtes ont montré à quel point l’extrémisme de droite est représenté dans les gangs de motards hors-la-loi ». Pour lui, l’Autriche constate « une militarisation croissante de la scène d’extrême droite ».

Il est vrai que les clubs de motards n’ont jamais eu la réputation d’être « de gauche » et que leurs membres arborent souvent des signes très provocateurs voire interdits dans certains pays. Il convient toutefois de se rappeler que ces « motards » sont avant tout très « individualistes » même s’ils adhèrent à des clubs où existe une hiérarchie et une discipline très marquée. Le logo 1% qu’ils affichent au milieu de leurs patches (très règlementés en interne) fait référence à une citation de l’American motocycliste association (AMA). Elle explique que 99% des motards observent la loi avec rigueur.

Pour comprendre leur était d’esprit, le patch FTW est un sigle dont la signification est « Fuck The World » (Nique le Monde), propos qui relève plutôt de l’anarchisme que du fascisme.

Néanmoins, la signification d’un tel sigle peut varier en fonction de la compréhension de chacun. C’est d’ailleurs pour cela que les bikers chrétiens originaires des États-Unis portent un tel patch pour signifier « For The World » (« pour le Monde »). Dans le même temps, d’autres bikers pensent que la signification du FTW est « Forever Two Wheels » (« toujours deux roues »).

Le Bandidos MC est le deuxième plus grand club de motards au monde en nombre de membres derrière les Hells Angels.

Bien que les deux soient des mouvements théoriquement mondiaux et bien que leurs chapitres internationaux semblent se coordonner, aucun des deux groupes n’a d’organisme qui coiffe tous les « chapitres » de par le monde.

Les deux sont originaires des États-Unis, les Hells Angels à l’origine en Californie et les Bandidos à San Juan, au Texas. Concurrentiels, ils s’opposent régulièrement dans des affrontements qui peuvent être sanglants.

Il est vrai que de nombreux clubs de motards se livrent à des activités criminelles qui les font ranger dans la catégorie des « Organisations criminelles transnationales » car ils ne reconnaissent pas de frontières. Leurs activités restent très classiques : trafics de drogues, d’armes, de véhicules (dont bien sûr des motos) et de pièces contrefaites, prostitution, racket…

Ce dernier fait-divers risque de compromettre la manifestation European Bike Week qui regroupe chaque année en septembre environ 100.000 motards dans la région autrichienne de Carinthie. Ils se rassemblent au lac Faakersee et l’évènement est sponsorisé par certaines marques de motos.

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Texte

Alain Rodier