La Russie, profitant des tensions au Kosovo, aurait-elle ouvert un « nouveau front » en Europe pour contrer les politiques et les aides militaires occidentales en Ukraine ?

On pourrait le croire à la lueur des évènements qui se sont déroulés fin mai dans le nord du Kosovo. Belgrade, soutenu par Moscou, a profité du coup de force du gouvernement kosovar qui a désigné des fonctionnaires kosovars albanais à la place des centaines de policiers, juges et maires serbes qui avaient démissionné de leurs fonctions en réponse à différentes interdictions de leurs statuts.

Ces derniers reprochent au gouvernement central de Pristina de ne pas respecter les accords signés en 2013 prévoyant une certaine autonomie dans les zones et enclaves à majorité serbe, situées à la frontière de la Serbie, laquelle les soutient financièrement. D’ailleurs, l’indépendance autoproclamée du Kosovo en 2008 n’a jamais été reconnue par Belgrade (1). Aussi, le 29 mai, des affrontements générés par les Serbes du Kosovo ont eu lieu avec les unités de la force internationale, la KFOR : 19 soldats hongrois et 11 Italiens ont été blessés.

Le Kremlin en a profité pour dénoncer les menées des Kosovars qui, selon lui, « poussent au désespoir les Serbes qui cherchent à défendre leurs droits légitimes ». La Russie n’est pas mécontente d’attiser les tensions dans cette région, une manière de forcer l’Europe à se tourner vers les Balkans et l’obliger à y envoyer des troupes. L’OTAN, qui aligne 4 000 hommes dans cette région, a décidé de positionner 700 soldats supplémentaires pour y maintenir la sécurité.

Depuis vingt ans, les tensions sont récurrentes entre les deux communautés, et donc entre les deux pays, la Serbie et le Kosovo. Et elles risquent de déboucher sur un conflit armé. Car, d’un côté, les États-Unis poussent le gouvernement kosovar à appliquer sa souveraineté et, de l’autre, la Russie soutient farouchement les revendications des Serbes du Kosovo et celles du gouvernement serbe, qui n’a jamais accepté l’intervention de l’OTAN au profit des Kosovars albanais durant la guerre en 1998-1999.

La « poudrière des Balkans » sera-t-elle un « deuxième front » pour l’OTAN ?

(1) Les Kosovars craignent toujours la création d’un gouvernement parallèle contrôlé par la Serbie.

Bonne lecture
Eric Micheletti

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