Suivant la mode actuelle dans la course aux armements ultramodernes, l'Iran a dévoilé début juin son tout premier missile hypersonique Fattah qui, selon Téhéran, peut pénétrer tous les systèmes de défense antiaériens. En fait, l’Iran avait déjà annoncé dit avoir un missile de ce type appelé « Asif » emporté sous aéronef, sans doute armant des chasseurs-bombardiers Su-24 (1).

Les médias d’État ont publié le 6 juin des images d’une cérémonie de présentation de cette nouvelle arme – vraisemblablement sol-sol- en présence du président Ebrahim Raisol-Sadati dit Ebrahim Raïssi et de hauts commandants du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI).

Raisi a déclaré à cette occasion : « nous devrions remercier Dieu pour cette grande réalisation [car] elle rendra le pays plus fort […] ce missile va renforcer le pouvoir de dissuasion de l’Iran, ce qui apporte la sécurité et une paix stable aux pays de la région ».

Les médias d’État ont déclaré que le missile peut se déplacer à une vitesse allant jusqu’à Mach 15 et qu’il aurait une portée de 1.400 kilomètres. Il utiliserait un carburant solide ce qui lui donnerait une grande latitude opérationnelle.

Ce serait le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, en personne qui aurait choisi le nom « Fattah » qui signifie « victorieux » en langue arabe.

Généralement, les missiles hypersoniques se déplacent à cinq fois la vitesse du son ou plus et sont maniables, ce qui les rend difficiles à cibler par les systèmes de défense et les radars de l’adversaire. Les États-Unis, la Russie, la Chine et la Corée du Nord seraient les seuls pays à avoir testé avec succès des missiles hypersoniques, mais les détails exacts techniques restent rares.

Le brigadier général Amir Ali Hajizadeh, commandant l’unité aérospatiale du Corps des gardiens de la révolution, la composante aérienne des pasdarans, a annoncé la nouvelle du développement du missile hypersonique en novembre 2022 lors d’une commémoration marquant l’anniversaire de la mort d’Hassan Tehrani Moghaddam connu comme le « père » de la technologie des missiles iraniens. Moghaddam a été tué lors d’une explosion dans une base de missiles en 2011 qui avait également tué plus d’une douzaine d’autres membres du CGRI. L’explosion a été rapportée comme un accident mais des médias occidentaux y avaient vu la main d’Israël.

En novembre, Hajizadeh a déclaré que le nouveau missile représentait un « saut de génération » pour la technologie des missiles iraniens car il peut manœuvrer à l’intérieur et à l’extérieur de l’atmosphère terrestre et pénétrer n’importe quel système de défense antimissile.

L’Occident et Israël ont exprimé à plusieurs reprises leur inquiétude concernant le programme de missiles iraniens affirmant que ces armes pourraient potentiellement transporter des ogives nucléaires – ce que Téhéran a toujours nié.

Le mois dernier, le CGRI a testé avec succès un nouveau missile balistique d’une portée de 2.000 km qui a suscité de plus en plus de critiques de la part de l’Occident.

Téhéran est passé maître dans l’art du bluff dans le domaine du développement de son industrie d’armement : matériels anciens retrofités, maquettes grossières, etc. Cette désinformation a surtout comme destinataire l’opinion publique intérieure afin de lui démontrer que ses dirigeants tiennent la dragée haute à leurs adversaires potentiels, les Américains et Israël.

Par ailleurs, Téhéran attend toujours la livraison de 24 chasseurs multirole russes Su-35 qui était promis pour le mois précédent…

1. Voir : « IRAN : base secrète et encore un nouveau missile » du 8 février 2023.

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Texte

Alain Rodier