Le 16 mars, les ministres de l’Intérieur (Mariusz Kamiński) et de la défense (Mariusz Błaszczak) polonais ont déclaré : « l’Agence de sécurité intérieure (ABW) a interpelé neuf personnes soupçonnées de coopération avec les services spéciaux russes […] Les suspects menaient des activités d’espionnage contre la Pologne et préparaient des actes de sabotage au profit de ceux qui ont attaqué l’Ukraine […] L’ensemble du réseau a été démantelé ». Il a été précisé qu’il s’agissait de « citoyens étrangers » de pays situés « au-delà des frontières orientales de la Pologne ». Il est probable que ce sont des Biélorusses.

Sur les neuf personnes interpelées, six d’entre elles ont été inculpées d’espionnage et de participation à un groupe criminel organisé, les trois dernières étant toujours entendues par la justice.

Selon Varsovie, ce groupe avait pour objectif « la reconnaissance, la surveillance et la documentation des transports d’armements destinés à l’Ukraine». Il préparait également des actions de sabotage « ayant pour but de paralyser les livraisons du matériel militaire, des armes et de l’aide à l’Ukraine ».
Les hommes de l’ABW ont saisi du matériel électronique ainsi que des traceurs GPS qui devaient être installés sur les convois d’aide à l’Ukraine.
Selon la radio privée polonaise RMF a révélé que le groupe avait installé des dizaines de caméras enregistrant et transmettant les données sur le trafic ferroviaire, notamment à proximité de l’aéroport de Jasionka près de Rzeszow (sud-est).

Cette infrastructure aéroportuaire est devenue une plate-forme logistique internationale pour l’acheminement de l’aide militaire et humanitaire à l’Ukraine. L’aéroport est utilisé par des avions militaires et des avions-cargos en provenance des États-Unis et de toute l’Europe pour effectuer des livraisons ensuite transportées par camions jusqu’à la frontière ukrainienne.

Le ministre de l’Intérieur a ajouté que le groupe avait également reçu l’ordre de mener des activités de propagande pour déstabiliser les relations entre la Pologne et l’Ukraine et alimenter les sentiments négatifs à l’égard de l’OTAN.

M. Kamiński a précisé qu’il existerait des preuves que le groupe a été payé par les services secrets russes. À savoir : « pour leurs activités de renseignement, les membres du groupe ont reçu des paiements réguliers ».

La veille de cette opération, le président polonais Andrzej Duda avait rencontré le directeur de la CIA William Burns pour discuter de la situation sécuritaire en Pologne…

À noter que plusieurs pays européens ont expulsé des diplomates russes pour espionnage présumé depuis l’invasion de l’Ukraine. Au début 2022, un citoyen russe a été accusé d’avoir espionné pour le compte de la Russie en Pologne entre 2015 et avril 2022.

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alain rodier

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