La base aérienne d’Inçirkik située à proximité d’Adana au sud de la Turquie revêt une très importance étant donné son rôle de « base avancée » pour acheminer aide et sauveteurs dans la région de Hatay qui a été dévastée par le tremblement de terre d’une magnitude de 7,8 le 6 février.

Le ministre de la défense turc, Hulusi Akar, a remercié dès le 7 février son homologue américain, Llyod Austin, pour l’aide immédiatement apportée par Washington via cette base.

L’OTAN a mis en action maximum son centre euro-atlantique de coordination de réponse aux catastrophes (EADRCC). Samantha Power, la présidente de l’Agence US pour le développement international coordonne son action avec celle du général Christopher Cavoli commandant les forces de l’OTAN en Europe.

Plus de vingt pays de l’Alliance – dont la France – plus la Suède et la Finlande, ont envoyé des équipes de sauveteurs et de l’aide vers cette région dont des zones entières ressemblent à des villes bombardées. Ce sont plus de 2.000 sauveteurs étrangers qui, soit sont déjà pied d’œuvre, soit en cours de déploiement sur le terrain (à noter que la Russie a dépêché des pompiers dont au moins un bombardier d’eau qui intervient sur les feux non maîtrisables depuis le sol).
La base aérienne sous autorité turque mais avec la présence permanente américaine ( 39è base aérienne de l’US Air Force) sert de lieu de transit, de stockage et d’évacuation pour les blessés.
Elle sert également à une partie des 53.000 sauveteurs turcs qui ont été engagés dans cette course contre la montre pour sauver tous ceux qui peuvent l’être.

La base possède des pistes qui peuvent accueillir les gros porteurs. Heureusement, bien que située en bordure de la zone touchée par la catastrophe, elle est intacte et opérationnelle.
Par contre, la ville portuaire voisine d’Adana a été touchée et des sauveteurs s’y activent toujours.
Un peu plus à l’est, la ville d’Iskenderun (autrefois appelée Alexandrette) a encore été plus impactée, des gazoducs ayant même pris feu.

Le bilan global de 17.500 morts lors du séisme de 1999 à Izmit (ouest de la Turquie) devrait malheureusement être dépassé dans les jours qui viennent (16.000 morts décomptés le 9 février matin).

Par contre, l’aide humanitaire dans le nord-ouest de la Syrie également gravement touchée par le séisme est notablement affectée pour quatre raisons :
– La province d’Idlib très impactée est sous le contrôle de mouvements rebelles et le seul point de passage de l’aide vers cette zone depuis la Turquie a été atteint par le séisme (source : Jens Laerke, porte-parole de l’ONU). Toutefois, un premier convoi de six camions… a pu passer le 9 février…
– La catastrophe a détruit de nombreuses routes en Turquie compliquant l’acheminement des aides et le port d’Iskenderun par où pourrait passer l’aide est fermé jusqu’à nouvel ordre.
– Les autorités de Damas n’ont pas accès à cette région. Par contre, les secours gouvernementaux syriens interviennent dans la région d’Alep située à l’est d’Idlib.
– Les sanctions internationales pèsent sur le régime de Bachar Al-Assad qui a lancé un appel à l’aide internationale. Pour le moment, deux pays ont répondu : la Russie et la Chine…
L’ONU a toutefois promis une assistante, mais destinée « à tous les Syriens sur tout le territoire ».

Le président Recep Tayyip Erdoğan qui s’est rendu le 8 février dans la province de Hatay a reconnu : « Bien sûr qu’il y a des lacunes, il est impossible d’être préparé à un désastre pareil ». Il faut reconnaître que la Turquie est une véritable « terre à tremblements de terre » (voir carte ci-dessous). D’ailleurs, la grande crainte est celle d’un séisme survenant dans la région d’Istanbul où vivent quelques 16 millions d’habitants. La majorité des bâtiments ne répond pas aux normes antisismiques sans compter le tsunami qui pourrait suivre et noyer une partie de la mégapole.

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Texte

Alain Rodier

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