Le colonel-général Eduard Chernovoltsev qui était l’ancien chef du Département sciences et techniques du FSB (le chef actuel serait le général Nikolaï Klimachin) aurait été poussé à prendre sa retraite alors qu’il n’est âgé que de 52 ans.

Selon certaines sources journalistiques, cet officier russe qui aurait vécu à Kiev durant quelques années aurait désapprouvé le déclenchement de l’« opération spéciale » en février 2022. Il aurait particulièrement déclaré à plusieurs reprises que « tout cela [la guerre] était allé trop loin ». Le Kremlin qui, depuis le début de l’invasion de l’Ukraine a pénalisé tous les propos jugés séditieux aurait limogé le général.
Comme tous les autres grands services de renseignement, le FSB possède un département chargé des recherches scientifiques : un peu la « section Q » dans les films de James Bond.

De manière à être plus vendeur, le colonel-général Eduard Chernovoltsev est qualifié d’« empoisonneur en chef » du FSB. Ce n’est pas faux sauf que la section des « poisons » n’est qu’une petite partie de département.

Histoire du « cabinet des poisons »
Dès 1917, l’URSS monte une commission extraordinaire chargée du renseignement intérieur, extérieur, de la sécurité et de la lutte contre les opposants, la Tchéka. De son côté, l’Armée rouge se dote de son propre service de renseignement, la IVe direction principale de l’état-major général de l’Armée rouge rebaptisé GRU (direction principale du renseignement) après la Seconde Guerre mondiale.
C’est en 1921 que Lénine crée le « cabinet des poisons » (qui deviendra plus tard le « laboratoire 1 » puis le « laboratoire 12 » aussi dénommé « laboratoire X ») mais il n’est pas très employé car les Bolchéviques préfèrent utiliser des manières plus expéditives et plus sûres pour liquider les opposants et autres gêneurs.
Sous le règne de Staline, le laboratoire est dirigé par un médecin surnommé « Docteur la mort », Grigori Moïssevitch Maïranovski, qui mène de nombreuses expérimentations sur des sujets vivants. Ses pratiques seront interrompues avant le procès de Nuremberg fin 1945 et le « Docteur de la mort » se retrouvera condamné à dix ans de goulag en 1951 pour « détention illégale de poisons » !
Ce « cabinet » devient le « Laboratoire de recherches toxicologiques » (car plus présentable) qui dépend du NKVD est intégré en 1946 à sa 4e section spéciale.

À noter que la Tchéka changea plusieurs fois de nom au fil du temps: OGPU, NKVD, NKGB, MGB, MVD puis en 1954 en 1954 KGB.

Au sein du FSB est créé le Département sciences et techniques aussi connu comme le NII-2.

Le colonel-général Eduard Chernovoltsev

Ce serait ce département sous la houlette de Eduard Chernovoltsev qui aurait organisé l’empoisonnement d’Alexeï Navalny et de Vladimir Kara-Murza (un autre opposant à Poutine) avec l’agent neurotoxique Novichok. Dans les deux cas, les victimes en sont sorties vivantes et pourtant Kara-Murza a subi deux empoisonnements successif. On ne peut pas dire que cela constitue un succès et d’ailleurs, il semblerait que la méthode de la défénestration revienne actuellement d’actualité.

Il serait aussi reproché au général d’avoir trop communiqué sur le net et d’avoir été arrêté deux fois alors qu’il conduisait en état d’ébriété avancée, la deuxième fois le jour de sa promotion au grade de général.
Poutine entouré par des courtisans

Poutine qui dirige seul la Russie ne supporte pas la contradiction. Il s’entoure de fidèles courtisans comme Sergueï Lavrov (Affaires étrangères), Sergueï Choïgou (Défense), le général Valery Gerasimov (chef d’état-major), etc. qui semblent lui dire que ce qu’il souhaite entendre.
Deux seules personnalités paraissent être autorisées à critiquer – mais seulement la hiérarchie militaire – : Evgueni Prigojine, le chef de la SMP Groupe Wagner et Ramzan Kadyrov, le président tchétchène.

Quant au fidèle des fidèles de Poutine, l’ancien président Dimitri Medvedev, il s’est lancé dans des prédictions délirantes affirmant qu’un nouveau « Reich » européen était en cours de création, qu’une guerre allait éclater entre l’Allemagne et la France, que la Grande-Bretagne réintègrerait l’Union européenne (qui éclaterait ensuite), que la Pologne et la Hongrie envahiraient l’Ukraine, que les États-Unis allaient connaître une guerre civile et qu’Elon Musk serait élu président…
Cet homme qui dans le passé semblait être relativement « modéré » avait fait part en juin 2022 de son état d’esprit plus qu’inquiétant en déclarant (sans désigner qui était visé par sa diatribe) : « on me demande souvent pourquoi mes publications sur Telegram sont aussi dures. La réponse est que je les hais. Ce sont des enfoirés et des dégénérés. Ils veulent notre mort, à nous la Russie. Mais tant que je serai en vie, je ferai tout pour les faire disparaître ».

Le président Poutine vient de lui renouveler toute sa confiance en le nommant au poste de « numéro deux » de la Commission militaro-industrielle russe, lui qui est déjà vice-président du Conseil de sécurité (les numéro un dans les deux cas est le président Poutine).

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Texte

Alain Rodier

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