En amont de la nouvelle loi de programmation militaire, la Revue nationale stratégique (RNS) publiée début novembre laisse transparaître que le budget du ministère des Armées pourrait significativement augmenter dans les cinq années à venir. En d’autres termes que l’objectif des 2 % du PIB pourrait être le « montant plancher ».
Selon la RNS, la France devra, en 2030, être « capable de défendre son territoire métropolitain et ultramarin » avec l’aide d’une « dissuasion nucléaire indépendante » et de « forces armées conventionnelles robustes ». À cela s’ajoutera pour l’armée française la capacité « à conduire des opérations militaires, y compris de haute intensité, en autonomie ou en coalition, dans tous les champs ».
« L’armée de 2030 que nous avons à bâtir ne doit pas être l’armée idéale que nous aurions voulue en 2022 », a résumé le président Macron lors de la présentation de la RNS. Cette annonce vient en réponse à un rapport parlementaire sur l’engagement de « haute intensité » publié avant la guerre en Ukraine, qui estimait déjà qu’il faudrait porter l’effort de défense à au moins 2,5 % du PIB. À noter que, lors de son départ en juin 2021, le CEMA François Lecointre avait prévenu qu’on ne ferait rien de sérieux sans doubler le budget des armées.
Toutefois, en parallèle à ces axes de programmation, un véritable tournant stratégique est à prendre dépassant le strict domaine de la défense. L’effort doit être national, et il est davantage d’ordre économique que militaire. Concernant la montée de la production, les premiers milliards seront pour les infrastructures et l’achat de machines-outils pour la BITD. Car pour mener une guerre de haute intensité, l’armée française manque de tout en quantité : de véhicules, d’artillerie, de chasseurs, d’avions de transport, de frégates, de sous-marins, de munitions, et aussi et surtout d’hommes et de femmes pour servir ces matériels.
Le programme est énorme, car actuellement aucun pays n’est capable de mener une guerre de haute intensité dans la durée, à part peut-être les États-Unis et la Chine. Même la Russie ne peut le faire, dont l’armée est saignée après dix mois de guerre. Quoi qu’il en soit, comme disent les militaires, « toute stratégie, aussi brillante soit-elle, ne vaut que par son exécution, sinon c’est du vent ».
Bonne lecture
Eric Micheletti
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