Outre les contre-offensives ukrainiennes menées avec succès à partir de la mi-septembre dans la région de Kharkiv, à l’est du pays, et dans celle de Kherson, au sud, sans oublier l’attaque du 7 octobre contre le pont emblématique de Kertch qui relie la Crimée à la Russie, on assiste à une intensification des opérations de grande envergure, mais aussi des actions commandos et clandestines. Ainsi, les deux belligérants, et même peut-être l’OTAN, mènent une guerre intense à coups de sabotages et d’attaques non revendiqués.

Si ces actions ne vont peut-être pas changer le cours de la guerre – qui évolue au rythme de centaines de chars, de milliers de véhicules et autant de pièces d’artillerie –, elles impressionnent les opinions publiques et donc politiques. Les deux derniers exemples étant le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2, puis l’opération clandestine menée contre le pont de Crimée.

Et ce n’est assurément que la partie émergée de l’iceberg. Les connaisseurs s’attendent à une intensification des opérations de sabotage contre des sites stratégiques – sans compter la cyberguerre qui a commencé bien avant l’invasion russe – tant en Ukraine qu’en Russie, et même en Europe : on évoque des actions de sabotage sur les réseaux ferrés biélorusses et allemands…

Dans cette guerre réapparaissent les cellules stay-behind. À l’époque de la guerre froide, ces réseaux clandestins coordonnés par l’OTAN et implantés dans 16 pays d’Europe de l’Ouest, se tenaient prêts à être activés en cas d’invasion par les forces du pacte de Varsovie. À l’Ouest, ces cellules ont été dissoutes dans les années 80 ; mais, à l’Est, les Ukrainiens et les Russes les ont récréées à leur profit1. Ces cellules opèrent des deux côtés du front. Les services de renseignement ukrainiens ont traqué sans pitié les saboteurs russes et ont fortement réduit leurs activités en Ukraine. Même type d’opération en face, où le FSB russe pourchasse les stay-behind ukrainiens, mais avec moins de succès, car ces derniers continuent à renseigner, saboter, et à éliminer les collaborateurs ukrainiens prorusses. Ces partisans ukrainiens, prêts à tout pour servir leur patrie, ont l’avantage d’être nombreux et de connaître parfaitement le terrain, face à des Russes pas assez nombreux pour réellement tenir les régions qu’ils ont envahies.

Bonne lecture
Eric Micheletti

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