L’armée russe devrait recevoir quelques 800 chars de bataille T-62M modernisés pour compenser les pertes en matériels de l’opération spéciale déclenchée en Ukraine en février 2022. En effet, selon l’observateur indépendant Oryx, elle aurait subi les pertes confirmées de 1.262 chars de bataille.

En effet, plusieurs centaines de ces anciens chars T-62 retirés du service en 2013 sont stockés dans différents dépôts. Un certain nombre auraient été tirés de leur sommeil – et de leur rouille -, les conditions de stockage en Russie n’étant pas les mêmes (surtout la météo et l’humidité qui provoque la corrosion) que dans les déserts du Nevada qui accueillent des armements américains placés en réserve.
Selon l’International Institute for Strategic Studies (IISS), le nombre de T-62 disponibles en 2017 tournait autour de 2.500 exemplaires. En récupérer la moitié relèverait de l’exploit technique. Le chiffre de 800 est donc plausible.

Quant aux 7.000 T-72, 3.000 T-80 et 200 T-90 également mis en réserve, ils seraient irrécupérables tant ils ont été cannibalisés pour fournir des pièces de rechange à ceux en service ou pour être vendues au marché noir. L’électronique est particulièrement recherchée sur le marché parallèle et de nombreux responsables de le défense russe se seraient laissés corrompre.

Quelques dizaines de chars T-62M modernisés ont déjà été livré à des unités de réserve ou ont été vus sur des trains se dirigeant vers le théâtre de guerre ukrainien. Plusieurs ont été détruits au combat mais globalement, ils ne démériteraient pas par rapport à leurs successeurs plus récents T-72, T-80/90 qui n’ont pas démontré une efficacité époustouflante. Et lorsque Moscou se risque à engager ses modèles de pointe, les choses ne se déroulent pas toujours comme prévu. Il y a quelques semaines les forces Ukrainiennes se sont saisies d’un T-90M en parfait état de marche. Il va faire le bonheur des services de renseignement occidentaux qui vont l’examiner en détail.

Les T-62 modernisés devraient bénéficier d’appareils de vision nocturne et thermiques ainsi que de protections du blindage et d’appareil de brouillage destinés à leurrer les systèmes de guidage des missiles antichars adverses comme le Javelin américain.

Par contre, l’armement initial d’un canon de 115 mm équipé d’une mitrailleuse coaxiale de 7,62×54 mm et d’une 12,7 mm en tourelle ne devrait pas être modifié.
Entrés en service en 1961, des améliorations avaient déjà été apportées dans les années 1980 avec une remotorisation, une modernisation de des systèmes de contrôles de tirs et de nouvelles protections comme les systèmes réactifs Kontakt-1 et les protections réactives Drozd.

La Russie avait déjà remis des exemplaires rénovés de ses T-62M sur le terrain en les fournissant à l’armée syrienne régulière en 2017/2018 mais l’adversaire local est bien moins puissant qu’en Ukraine.
Ce sont les mêmes engins que l’on peut voir en Ukraine avec, pour certains, une cage de protection sur la tourelle pour contrer les tirs plongeants occasionnés par les armes antichars modernes. L’efficacité de ces systèmes semble laisser à désirer…

Cela dit, ces chars restent techniquement redoutables dans la mesure où ils sont bien servis. C’est la valeur et la motivation du commandement et des équipages qui font la différence. Pour le moment, ces deux caractéristiques semblent déficientes dans l’armée russe…

 

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Texte

Alain Rodier

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