Deux événements vont jouer dans les prochaines semaines sur l’avenir de Taïwan. Le premier a eu lieu le 17 juin ; il s’agit du lancement du troisième porte-avions chinois, le Fujian 1, à grand renfort de publicités et de déclarations enflammées.

Ce porte-avions de 300 m de long devra, une fois en service dans deux à trois ans, bénéficier de la technologie dernier cri, dont des catapultes électromagnétiques – dans le monde, seul l’USS Gerald Ford en est équipé. Toutefois, les experts ont des doutes sur les futures capacités opérationnelles du Fujian, que Pékin présente comme décisives dans l’hypothèse d’un conflit avec Taïwan ; plusieurs d’entre eux soutiennent qu’une flotte de sous-marins, des batteries de missiles terre-mer ou des champs de mines marines seraient plus efficaces pour barrer le détroit entre la Chine et Formose.

L’autre événement sera le passage prochain de bâtiments de l’US Navy dans le détroit de Taïwan pour des exercices programmés dans la région. On mesurera alors la détermination des Chinois pour s’opposer à ce passage et ce qu’il en sera de leur menace d’envahir l’île « nationaliste ». Car Pékin a beau mettre en avant son porte-avions et d’autres bâtiments, ses forces armées ne sont pas capables d’attaquer l’île voisine : en réalité, les capacités de sa marine restent très limitées et son manque d’expérience est criant.

D’autre part, à l’approche du congrès du Parti communiste chinois à l’automne prochain, le gouvernement fait face à des critiques concernant sa gestion de la crise économique et de la crise épidémique à rebond. Pour Xi Jinping, le dilemme est grand. Doit-il répondre aux appels du pied de son allié russe empêtré dans la guerre en Ukraine, donc conclure une alliance avec Moscou et perdre une grande partie des marchés occidentaux ? Ou se lancer dans une fuite en avant nationaliste en attaquant Taïwan, avec pour conséquence une réaction internationale emmenée par les États-Unis et la fermeture des marchés en Occident ?

Bonne lecture
Eric Micheletti

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