Le 13ème sommet des BRICS(1) a débuté le 23 juin par visioconférence réunissant les présidents chinois, indien, russe, brésilien et sud-africain. Le thème est : « favoriser un partenariat de haute qualité entre les BRICS, ouvrir une nouvelle ère pour le développement mondial ».

Le président Xi Jimping souhaite qu’il permette d’accroitre la coopération multilatérale sur un modèle et des principes non-occidentaux. Il insiste sur l’importance des BRICS au moment où les Américains poussent leurs alliés occidentaux à remettre en question la globalisation.

Déjà en mai, Xi avait appelé les BRICS à « rejeter la mentalité de Guerre froide et de confrontation des blocs, s’opposer aux sanctions unilatérales et à leurs abus […] et de travailler ensemble pour construire une communauté globale de sécurité sur tous les sujets ». Il est toutefois important de souligner que les BRICS n’ont pas de volet proprement « militaire ».

Malgré leurs désaccords parfois très importants (voir les relations houleuses entre Pékin et New Delhi), tous ces pays maintiennent une certaine distance avec l’ordre libéral prôné par Washington. Aucun des dirigeants brésilien, chinois, sud-africain ou brésilien n’a officiellement condamné Vladimir Poutine pour l’invasion de l’Ukraine(2).

Pékin profite de ce sommet pour lancer une sorte de contre-offensive diplomatique destinée à s’opposer à la « renaissance » de l’OTAN et aux mécanismes déployés en zone indo-pacifique pour maintenir son influence à distance.

Les sujets qui sont abordés cette année sont les moyens de renouveler le multilatéralisme pour redémarrer l’économie globale, approfondir la coordination des actions écologiques et enfin de renforcer la coopération dans le domaine de la santé et de la lutte contre les pandémies.

Reprochant aux États-Unis d’avoir laissé de côté les pays jugé « inamicaux » dans la lutte contre la Covid-19, Pékin souhaite utiliser les immenses capacités pharmaceutiques russes et indiennes pour contrer la pandémie.

Enfin, la Chine souhaite que d’autres pays rejoignent les BRICS : le Kazakhstan, l’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Égypte, l’Indonésie, le Nigeria, le Sénégal, les Émirats arabes unis et la Thaïlande. Il se dit en coulisses que le Mexique, la Corée du Sud et la Turquie seraient aussi intéressés.
Toutefois, des demandes de clarifications sont demandées à Pékin sur son projet de la « l’initiative de la ceinture et de la route de la soie ».

Le président Poutine n’a pas parlé directement de l’Ukraine mais a déclaré : « un rôle de meneur de la part des pays des BRICS est aujourd’hui nécessaire comme jamais pour élaborer une politique unificatrice, positive, visant à créer un système (mondial) réellement multipolaire ».
Ce sommet des BRICS se tient juste avant celui du G7 qui aura lieu 26 au 28 juin en Bavière suivi par celui de l’OTAN du 29 au 30 juin à Madrid. Tous les pays membres de ces organisations ont condamné la Russie pour l’invasion de l’Ukraine et l’on placé sous sanctions. De plus, la Russie avait été expulsée du G7 après l’annexion de la Crimée en 2014.

Il est vrai que les BRICS sont aujourd’hui dominés par Pékin qui tente de créer un môle de résistance face aux États-Unis et à ses alliés, en particulier le Japon et l’Australie. Il n’empêche que cette organisation permet à la Russie à contourner les sanctions occidentales. Cette dernière a ainsi augmenté ses livraisons de gaz et de pétrole à la Chine et à l’Inde de manière significative. En échange, des entreprises de ces deux pays ont commencé à remplacer les sociétés occidentales qui ont évacué la Russie.

Pour le moment, la situation est en train d’évoluer, les pays « émergents » n’ayant pas encore pris de décision définitive. Mais si cela continue, le monde risque de se retrouver coupé en deux entités, l’une qui suivra les USA, l’autre la Chine.

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Texte

Alain Rodier

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