Selon des organisations humanitaires basées en Europe(1), le total des exécutions en Iran a augmenté de 25% en 2021. Elles font le rapprochement avec l’élection au poste de président de la République islamique d’Iran Ebrahim Raisi considéré comme un dur du régime.

Selon elles et se basant sur des rapports officiels mais aussi sur des sources en Iran, au moins 333 condamnés ont été exécutés dont 126 pour infractions relatives à la drogue soit cinq fois plus pour ce motif qu’en 2020.
Elles ont déclaré que seuls 16,5% des 333 exécutions en 2021 avaient été annoncées officiellement. En juillet, un mois après l’élection de Raisi, le record de 51 exécutions a été atteint.
17 femmes ont été exécutées en 2021 contre neuf en 2020. Cela aurait inclus Zahra Esmaili et Maryam Karimi qui avaient assassiné leurs époux abusifs. L’avocat d’Esmaili aurait déclaré que sa cliente avait eu une attaque cardiaque alors qu’elle assistait au supplice de plusieurs condamnés dans la prison de Rajai Shahr située à l’ouest de Téhéran. Cela n’aurait pas empêché les officiels de la pendre alors qu’elle était déjà morte…
21% des suppliciés de 2021 sont d’origine baloutche alors que cette minorité ne représente qu’un peu plus de 2% de la population iranienne.

De son côté, Amnesty International avance le chiffre (minimum) de 365 détenus qui auraient été exécutés en 2021. 131 auraient eu lieu pour trafic de drogues et 182 pour meurtre. 16 femmes auraient été du lot. Amnesty International confirme l’horreur de la pendaison de Zahra Esmaili.

Parfois, les motifs invoqués qui mènent à la potence sont étranges comme « inimitié vis-à-vis de Dieu » et « corruption sur terre ». Il arrive que des condamnés à la peine capitale le soient pour des participations à des manifestations, à des actes de dissidence contre le régime et les motifs avancés précédemment sont bien pratiques pour condamner les prévenus « politiques ». Les aveux servant à charge ont souvent été obtenus sous la contrainte ou la torture.

Cela dit, en 2021, 54 pays pratiquent encore la peine de mort et pas des moindres : la Chine, le Japon, l’Indonésie, l’Inde, le Pakistan, l’Égypte, les États-Unis(2), Cuba, etc. Bien sûr, cela ne concerne pas ce que l’on appelle pudiquement les exécutions extrajudiciaires, c’est-à-dire quand le condamné n’est même pas passé devant un tribunal.

1. L’organisation des droits humains Iran Human Rights (IHR) et « Ensemble contre le peine de mort » (ECPM).
2. Elle est abolie dans 26 États sur 50 sauf pour la justice militaire qui peut faire appliquer le châtiment suprême au niveau fédéral.

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Texte

Alain Rodier

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