Les États-Unis ont annoncé le 19 avril que des avions de chasse et des pièces de rechange aéronautiques avaient été livrés à l’Ukraine. John Kirby, le porte-parole du Pentagone a déclaré : « Sans entrer dans les détails sur ce que d'autres pays fournissent, je dirais qu'ils ont reçu des appareils supplémentaires et des pièces détachées pour accroître leur flotte aérienne ». En réalité, il s’agit d’un demi-mensonge. Les États-Unis ont envoyé des MiG-29 hors service pour qu’ils soient « cannibalisés » afin d’en tirer des pièces de rechange pour la flotte ukrainienne existante.

En 1997, Washington avait acquis pour 40 millions de dollars 21 MiG-29 à la Moldavie pour qu’ils ne soient pas récupérés par Téhéran. Deux exemplaires auraient été remis temporairement en service pour servir au sein de l’« Escadron agresseur » pour servir de plastron à l’aviation américaine. Puis, on n’en a plus entendu parler.

Il avait été question que Kiev reçoive des MiG-29 de pays de l’OTAN qui en possèdent encore mais cela ne s’est pas fait(1) car cela aurait constitué un engagement militaire trop important pouvant justifier une entrée en guerre de la Russie. Il convient de rappeler que Moscou parle toujours d’« opération spéciale » en Ukraine mais n’a pas officiellement « déclaré la guerre ». Si cela se faisait, cela permettrait à la Russie de proclamer la mobilisation générale et de placer le pays sous l’état d’urgence permanent.

Dépités des réactions des capitales occidentales qu’ils jugent timorées, les Ukrainiens qui réclament aussi des F-16, F-18 ou même des F-15 assurant que la formation des pilotes au maniement de ces appareils ne prendrait que quelques semaines, font appel au privé. Utilisant le pouvoir d’internet et des réseaux sociaux, ils sollicitent les milliardaires qui leur sont favorables à acheter et à transférer en Ukraine les chasseurs dont ils ont besoin. Cette opération est baptisée l’initiative #Buymeafighterjet.

De toutes façons, il faut rester prudent sur la réelle utilité tactique à court terme qui serait apportée par de nouveaux chasseurs, même si les personnels ukrainiens les connaissent bien s’il s’agit de MiG-29. Bien sûr, ils pourraient être engagés rapidement dans le conflit mais risqueraient alors fortement d’être détruits en vol, l’aviation russe ayant la suprématie aérienne et leurs propres avions surclassant les vieux MiG-29. De plus, si des lieux d’implantation sont repérés par le renseignement russe, ils pourraient aussi faire l’objet de frappes ciblées.
Il n’empêche que ces livraisons auraient un effet psychologique positif très important pour l’Ukraine et ses combattants. Il est même possible qu’une nouvelle légende comme celle du « pilote fantôme » qui avait abattu six avions russes au début de la guerre (infox reconnue comme telle, même par les medias pro-Kiev) ne revienne sur le devant de la scène.

Par contre, si le conflit perdure, il est possible que l’on arrive à une partition du pays « à la coréenne » : un cessez-le-feu sur les positions occupées mais pas d’accord de paix et une ligne de démarcation. Kiev aura alors un besoin essentiel d’appareils pour contrôler le ciel de la « zone ukrainienne libre ».

1. Voir : « Ukraine : pourquoi une zone d’exclusion aérienne est impossible à mettre en œuvre » du 9 mars 2022.

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Texte

Alain Rodier

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