Au moment où nous écrivons ces lignes, soit 48 heures avant le « déclenchement de la guerre » selon l’hebdomadaire allemand Der Spiegel qui tient ses informations de sources proches de la CIA, les médias bruissent, les dirigeants politiques y vont tous de leur sauvetage de la paix et les experts livrent leurs interprétations des futures opérations militaires en Ukraine : Blitzkrieg de l’armée russe pour s’emparer de Kiev et y mettre un gouvernement à la solde de Moscou, ou opérations dans le sud-est de l’Ukraine pour élargir les zones indépendantistes du Donbass et rendre la mer d’Azov, Mare Russia.

Dans tous les cas, le coup de poker est beau, et il ne s’agit pas d’un « parfum de Munich dans l’air » (comme l’a dit le très va-t-en-guerre ministre de la Défense britannique Ben Wallace) qui menace l’Europe, l’OTAN et donc les États-Unis, mais d’un nouveau Yalta (comme nous l’écrivions dans l’éditorial de RAIDS 427 de février), cette fois imposé par Moscou.

Car le départ d’Ukraine, le 12 février, des soldats de l’US Army, du personnel de l’ambassade des États-Unis, suivis par les Britanniques, est un très mauvais signal. Il acte ainsi le fait que l’Ukraine demeure dans la zone d’influence russe et que les troupes de l’OTAN restent dans la zone euro-atlantique en Pologne et en Roumanie où elles se renforcent. Cette fuite n’est pas un signal fort de solidarité aux Ukrainiens.

En somme, la Maison Blanche a fourni des armes et des munitions à Kiev pour affronter son voisin, mais elle ne risquera pas la vie d’un de ses « boys » ! Et si cette surmilitarisation russe n’était qu’un leurre ? En massant ses forces, Vladimir Poutine a réussi à « finlandiser » l’Ukraine, en maintenant une tension militaire très forte à sa frontière, et à fragiliser l’OTAN qui avance à présent en ordre dispersé vers l’Est, car elle n’est pas prête à « mourir pour Kiev ».

Bonne lecture
Eric Micheletti

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