Face au risque d’intervention de la Russie en Ukraine dénoncé par les Occidentaux depuis des mois, plusieurs pays ont décidé de renforcer le flanc oriental de l’OTAN en prévoyant de déployer des forces supplémentaires dans les régions de la Baltique et de la mer Noire.

La France a fait savoir par la voix de Florence Parly, sa ministre de la défense, qu’elle était prête a envoyer « plusieurs centaines de militaires » en Roumanie.
Il risque d’y avoir affluence dans ce pays car Washington a annoncé l’envoi dans ce même pays d’un millier de militaires du 27è Régiment de Cavalerie habituellement stationné aux « Rose Barracks » à Vilseck en Allemagne.

Parallèlement, 2.000 de parachutistes de la 82ème Airborne Division de Fort Bragg devraient rejoindre le bataillon multinational de l’OTAN déjà positionné en Pologne. 300 de leurs camarades dépendant également du XVIIIè Corps aéroporté (l’unité exacte n’est pas précisée) iront en Allemagne.

Londres de son côté a fait part de sa volonté de renforcer significativement la présence de la British Army dans la région de la Baltique avec le déploiement de plus d’un millier de militaires supplémentaires. Cela doublerait les effectifs britanniques présents en Europe continentale.

Il convient d’ajouter à ces forces les 8.500 soldats américains placés en état d’alerte aux USA prêts à venir éventuellement renforcer la force de réaction de l’OTAN (RF – Nato Response Force).

Le 2 février, John Kirby, le porte-parole du Pentagone, a déclaré : « ces mouvements sont un message sans ambiguïté que nous adressons au monde pour montrer que nous sommes prêts à rassurer nos alliés de l’OTAN et déterminés à les défendre contre toute agression ». Il a néanmoins précisé : « ces forces ne vont pas se battre en Ukraine » et que les déploiements en Europe serait « temporaires ». Presque passé inaperçu a été le passage : « nous ne pensons pas qu’il [le président Poutine] ait décidé d’envahir plus avant l’Ukraine(1) » et la diplomatie américaine a « offert à la Russie une voie vers la désescalade ».

Le Kremlin par l’intermédiaire de l’adjoint au ministre des Affaires étrangères a jugé que ces manœuvres étaient « destructrices » (pour les efforts de désescalade entamés depuis le début 2022) et qu’elles ne faisaient qu’augmenter la tension et réduisaient d’autant les possibilités de solution politique.

En fait, ces renforcements restent symboliques et visent surtout à rassurer les pays baltes et la Pologne qui craignent toujours pour l’intégrité de leurs territoires alors qu’ils ne sont pas touchés directement par la crise ukrainienne. D’ailleurs, ces pays (et la Grande Bretagne et les USA) ont été les premiers à expédier des armes « défensives » à Kiev.
Sur le plan des négociations, la Russie a demandé à pouvoir vérifier que certains sites militaires comme celui abritant depuis le système anti-missiles américain Aegis (théoriquement destiné à faire face à une menace iranienne mais qui peut très bien être tourné vers la Russie) ne sont pas secrètement armés de missiles de croisière BGM-109 Tomahawk – qui ont la capacité d’emporter une tête nucléaire – qui pourraient atteindre Moscou. La réciproque pourrait être demandée pour l’enclave de Kaliningrad où sont stationnés des systèmes Iskander.

1. En 2014, la Russie a récupéré la Crimée qui abrite la base navale de Sébastopol qu’elle considère comme vitale pour ses intérêts géostratégiques et l’accès aux « mers chaudes ». Kiev ne récupèrera jamais la Crimée, sauf par la force. Par contre, des négociations peuvent avoir lieu pour les régions séparatistes du Dombass.

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