Dans les années 1990, l’armée turque a bénéficié de nombreuses donations d’armes dont la majorité provenaient des ex-pays de l’Est en particulier de Allemagne de l’Est. Cela lui permettait d’équiper la « deuxième armée de l’OTAN » avec des équipements extrêmement variés, ce qui n’allait pas sans poser des problèmes de maintenance et de logistique.

Mais le résultat était là: plus de 600.000 hommes d’active étaient équipés et une montée en puissance de 400.000 réservistes était possible ce qui a eu lieu en 1991 lors de la première guerre du Golfe. Mais l’objectif prioritaire était à l’époque de tenir le terrain du « sud-est anatolien » face aux mouvement séparatiste marxiste-léniniste PKK.

Depuis, cette stratégie globalement défensive respectant les volontés de Mustafa Kemal Atatürk :« Yurtta sulh, cihanda sulh » (« paix dans le pays, paix dans le monde ») a été totalement inversée sous la direction du Premier ministre puis président Recep Tayyip Erdoğan animé par ses convictions polico-religieuses héritées des Frères musulmans, est passée à une phase d’actions à l’étranger beaucoup plus active.

Et cela se traduit désormais par de généreux dons d’armements turcs (quand il n’est pas possible de les vendre, ce qui est plus intéressant sur le plan financier). Dans beaucoup de cas, ces donations ont pour but d’aider des pays amis mais dans d’autres, cela participe directement à la politique d’influence menée par Ankara par exemple en Syrie, en Somalie (qui a reçu des centaines de fusils d’assaut MPT-76 de calibre 7,62 mm OTAN et MPT-55 de 5,56 mm) et en Libye.

Parfois, d’autres pays ont reçu des subventions pour acquérir des matériels turcs. Par exemple les forces armées du Monténégro ont reçu 16 millions de dollars pour acheter des véhicules tous terrains turcs.

Ainsi, les principaux pays destinataires des largesses d’Ankara sont le Pakistan (qui a reçu en 2015 34 avions d’entraînement T-37C retirés du service de l’armée de l’air turque), la Libye, la Somalie, le Kosovo et dans une moindre mesure le Monténégro. Les matériels distribués sont majoritairement des véhicules 4X4 dont des blindés BMC Kirpi II et Vuran MRAP (Mine-Resistant Ambush Protected) et des véhicules légers de marque Otokar (qui fabrique des Land Rover sous licence depuis 1987).

L’armement fabriqué en Turquie est relativement simple d’emploi, robuste et surtout peu cher. Le complexe militaro-industriel turc a réussi un coup de maître avec le développement de drones de combat abordables par les ateliers Baykar qui ont considérablement changé l’art de la guerre moderne.

1. Dans les années 1990, la Turquie avait bénéficié de la technologie allemande, américaine puis israélienne pour assembler ses premiers drones destinés à surveiller les frontières syrienne et irakienne pour déceler les infiltrations d’activistes du PKK. Ses besoins spécifiques l’ont conduit à développer ses propres drones.

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Alain Rodier

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