Fin octobre, dans la région russe de Ielnia, non loin de la Biélorussie et de l’Ukraine, on observe une concentration de troupes russes, considérée par l’OTAN comme des « manoeuvres inhabituelles ».
De son côté, Kiev relativise le fait, mais rapidement son discours devient alarmiste en constatant que « seuls les personnels sont rentrés dans les casernes » après les manoeuvres russo-biélorusses à proximité de l’Ukraine. « Les chars, les véhicules, l’artillerie et les missiles tactiques, eux, sont restés sur place », assure Kiev, qui en conclut donc que, d’un ordre, les soldats russes pourraient rapidement rejoindre les blindés et les pièces d’artillerie, et passer à l’offensive. Dans le même temps, on assiste à une aggravation des combats au Donbass entre les unités séparatistes prorusses et l’armée ukrainienne.
De l’autre côté de l’Atlantique, Antony Blinken, chef de la diplomatie américaine, réaffirme son soutien à l’Ukraine. Mais des faucons du Congrès, arguant de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, voudraient envoyer des unités américaines dans la région, où elles stationneraient en permanence, et plaident pour un soutien en matériel militaire et en renseignement plus important. En réponse, Moscou assure que l’armée ukrainienne est passée à l’offensive depuis la mi-octobre, « menaçant même de couper le Donbass en deux ».
De sorte que, si la Russie a accumulé des forces non loin de la frontière, ce serait juste « pour dissuader les Ukrainiens d’avancer plus avant ». Selon certains experts, la Russie pourrait provoquer l’Ukraine pour justifier une action militaire. D’ailleurs, le 1er novembre, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov accuse l’Ukraine de pousser à la guerre au Donbass en utilisant des drones turcs Bayraktar TB2 (qui ont contribué à la victoire de l’Azerbaïdjan sur l’Arménie). Au même moment, non loin de là, la Biélorussie utilise des migrants comme moyen de pression sur l’Union européenne, en les aidant à passer en Pologne, donc en Europe, à l’image de ce qu’a fait la Turquie, en 2020, en poussant les migrants à franchir la frontière grecque.
Le président biélorusse Alexandre Loukachenko organise ces opérations en représailles aux sanctions imposées par Bruxelles en raison de la répression de l’opposition en Biélorussie. Son but : mener une guerre hybride avec l’Europe et la contraindre à ne rien faire contre son gouvernement, grâce à l’arme des migrants et à la menace de couper le gaz russe qui transite par son pays. Derrière Alexandre Loukachenko se trouve certainement Vladimir Poutine, qui pourrait apparaître comme le sauveur, car la situation sur la frontière polonaise est très tendue, et la crainte est grande de débordements irrationnels, des tirs par exemple. D’autant que, à l’heure où nous écrivons ces lignes, des milliers de soldats polonais et quelque 8 500 soldats ukrainiens sont en faction le long des frontières avec la Biélorussie, où les Russes ont déployé des unités parachutistes et des bombardiers.
Bonne lecture
Eric Micheletti
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