L’ancien Agent spécial Jose Ismael Irizarry (47 ans) de la Drug Enforcement Administration (DEA) avait été arrêté en février 2020 avec son épouse Nathalia Gomez-Irizarry près de leur domicile à San Juan à Puerto Rico.

Il a été condamné le 9 décembre à douze années d’emprisonnement pour de nombreuses charges de corruption et de vol. Pour la juge Charlene Honeywell qui a prononcé la sentence, le cas d’autres fonctionnaires de la DEA attirés par l’appât de l’argent facilement gagné devrait être investigué car si Irizarry est « celui qui a été pris », il semble évident à la cour qu’il y en aurait d’autres.

À l’énoncé du verdict, Irizarry s’est effondré en larmes affirmant que sa pire peine était de ne pas pouvoir expliquer à ses deux jeunes filles pourquoi il serait absent aussi longtemps.
Il avait démissionné en 2018 puis avait été arrêté en 2020.

Il avait plaidé coupable en septembre pour de multiples charges, en particulier pour fraudes bancaires. En sept ans, il avait ainsi soustrait neuf millions de dollars devant être utilisés lors d’enquêtes sous couverture en les dissimulant sur plusieurs de comptes clandestins lui appartenant ainsi qu’à des complices. Il aurait reçu parallèlement au moins un million de dollars en pots de vin.

En réalité, il était corrompu par des cartels de la drogue colombiens. L’un de ses chefs était même devenu le parrain (au sens propre du terme) de ses enfants… Le couple avait profité de ses gains illégaux pour acheter une splendide maison à Carthagène en Colombie, une Land Rover et des bijoux. Son épouse avait monté une société fantôme à Miramar qui n’avait ni employé ni marchandises. Elle servait uniquement à blanchir l’argent détourné par son époux. Elle avait déjà plaidé coupable pour une accusation pour fraude financière et avait été condamnée en décembre 2020 à 60 mois de probation. Elle a été obligée de rendre une bague en diamant Tiffany que son mari lui avait achetée avec le butin récolté.

Le stratagème d’Irizarry consistait à inventer des sources humaines qui fournissaient des renseignements contre rémunération. Il prenait soin de rédiger de faux rapports sur les enquêtes en cours égarant les recherches de l’Agence. Résultats pour la DEA : du temps perdu, de l’argent envolé et des trafiquants menant leurs affaires sereinement sans être inquiétés. Cette histoire de faux informateurs n’est pas sans rappeler celle montée de toutes pièces par le célèbre écrivain Ernest Hemingway durant la Seconde Guerre mondiale.

Il avait inventé pour l’OSS (l’ancêtre de la CIA) un faux réseau d’agents nazis à Cuba, ce qui lui avait permis de s’acheter du – alors sévèrement rationné à l’époque – pour son yacht sur lequel il voyageait dans les Caraïbes. Ses pérégrinations lui auraient inspiré le roman « le vieil homme et la mer » paru en 1951.
Un complice identifié d’Irizarry comme un « officiel colombien » aurait utilisé ces fonds pour acquérir une Lamborghini Huracan Spyder de 329.000 dollars à Miami.

La condamnation d’Irizarry vient après celle d’un autre ancien agent special de la DEA, Chad Allan Scott (53 ans), qui lui purge ne peine de 13 ans d’incarcération pour parjure. Il soutirait de l’argent aux trafiquants de drogue qu’il arrêtait. De plus, l’un d’entre eux lui aurait acheté une camionnette.

Ces deux faits ne sont pas anecdotiques. Ils laissent apparaître la problématique des opérations « sous couverture » qui très en vogue aux États-Unis dans des affaires de terrorisme (FBI) et de crime organisé (DEA). Si elles amènent des résultats tangibles, elles posent le problème du contrôle de l’action des Agents qui s’y livrent.

Enfin, dans le cas de trafic de drogue, cela permet de mieux comprendre pourquoi les cartels latino-américains restent si puissants malgré les coups sévères qui leur sont portés régulièrement. Cela dit, la majorité des Agents spéciaux fédéraux – toutes agences confondues – sont d’une probité exemplaire et c’est la tâche des « Affaire internes » de pourchasser les quelques ripoux qui peuvent y sévir.

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