Si l’on parle beaucoup des armes nucléaires et des missiles balistiques nord-coréens, Kim Jong Un a un autre atout dans sa besace : les forces spéciales. Un défecteur nord-coréen ayant servi dans les services de renseignement a levé un (petit) coin du voile.
L’Armée populaire du peuple coréen est l’une des plus importante du monde avec 1,3 million de militaires sous les armes dont 200.000 dans les forces spéciales.
Ces dernières sont organisées en brigades, régiments, bataillons et en unités de plus petites tailles avec des spécialisations spécifiques. Toutes ces structures dépendent, soit de l’armée régulière (1), soit des service de renseignement, le « Reconnaissance General Bureau -RGB – » (Bureau général de reconnaissance) (2).
Leur mission première est le renseignement mais la seconde, la plus connue, est l’infiltration dans la profondeur pour s’emparer d’objectifs stratégiques (états-majors, ponts, ports, aéroports, etc.) et neutraliser les instances de commandement. Les infiltrations peuvent être menées depuis la terre, mais surtout depuis la mer et les airs. Du temps de la splendeur du Pacte de Varsovie, les mêmes missions étaient assurées par les spetsnaz qui semblent avoir fortement influencé les Nord-Coréens. Leur tactique est la surprise et la rapidité. Les opérateurs agissent souvent sans signe distinctif, voire même avec les uniformes de leurs adversaires.
Une caractéristique moins connue a été dévoilée par Kim Kuk Song, un officier de renseignement de haut rang qui a fait défection en Corée du Sud. Il a décrit comment ces forces spéciales étaient utilisées par le « suprême leader » Kim Jong Un, à des fins d’enrichissement personnel et pour « punir » tous ceux qu’il considérait comme des ennemis personnels, à l’intérieur comme à l’extérieur.
Pour ce faire, ces forces spéciales utiliseraient des méthodes communes au crime organisé qui est toléré en Corée du Nord dans la mesure où il aide le pouvoir en place par ses différents trafics, en particulier en matière de blanchiment d’argent sale mais aussi dans la fabrication et la commercialisation de drogues synthétiques. Le rôle d’un mystérieux « bureau 39 » du comité central du Parti du travail de Corée dans ses activités aux côtés du crime organisé dans le but d’approvisionner la caisse noire du « Grand leader » reste mystérieux. Il pourrait aussi être utilisé pour le financement d’illégaux des services de renseignement et forces spéciales introduits clandestinement en Corée du Sud sur de longues périodes.
Sur le plan strictement militaire, pour le moment, les infiltrations par les airs ne peuvent se faire qu’à partir des vénérables Antonov An-2 et IL-76MD encore en service en Corée du Nord.
L’infiltration par la terre semble encore plus problématique et dépendrait des brigades dîtes « sniper » qui auraient pour mission de détruire des cibles stratégiques dans la profondeur du territoire sud-coréen. Ces unités seraient également chargées de l’élimination ciblée de responsables ennemis.
Il est estimé que les forces spéciales nord-coréennes peuvent utiliser une centaine de navires amphibies pour accoster les rives de leur voisin sud-coréen. En réalité, c’est la partie visible de l’iceberg car des membres des forces spéciales peuvent avoir été déployés clandestinement bien avant une opération militaire d’envergure. Pour les infiltrations discrètes, le meilleur moyen reste encore les submersibles. La Corée du Nord possède une vingtaine de sous-marins de type-033 Roméo (Sinpo-C) et 40 Sang-O sans compter les 10 Yono et Yugo qui peuvent convoyer de deux à cinq hommes. Le seul et unique Gorae est lui dédié aux essais de missiles balistiques.
1. Les forces spéciales sont alors intégrées dans un processus militaire classique assurant les reconnaissances avancées ou de flanc-garde.
2. Il s’agit alors de missions clandestines effectuées en solo.
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