L’armée nigérienne a confirmé à la mi-octobre mettre en oeuvre des véhicules blindés de combat d’infanterie (VBCI) chinois Type 89 acheté auprès de la société Norinco.

La télévision nationale a expliqué que 60 exemplaires seraient déployés immédiatement sur différents théâtres après qu’une centaine de militaires aient été initiés à sa conduite durant trois mois.
Le chef d’état-major, le major général Farouk Yahaya, a affirmé que ces engins allaient changer la donne pour les forces armées dans leur campagne contre les ennemis de l’État nigérien. Ces 60 véhicules ont été présentés à l’école militaire d’infanterie de Jaji (Kaduna) le 21 octobre en présence du major général Victor Ezugwu qui représentait Yahaya.
Ces blindés auraient été livrés fin août, des premières images de ces matériels convoyés à travers le Nigeria étant apparue au début septembre.
Le VBCI Type 89 (ZSD-89) a été développé dans les années 1980 comme version améliorée du type 63. Un millier ont été fournis à l’armée chinoise. La version export connue sous le sigle Type 85 a été vendue au Bangladesh, à l’Éthiopie, au Myanmar, au Sri Lanka, au Zimbabwe et à la Thaïlande.

Le Nigeria avait déjà acquis d’autres armements chinois comme des chars de bataille VT-4, des chars légers à roues ST-1 type 08 et des automoteurs d’artillerie SH5 de 105 mm. Les premières livraisons qui auraient eu lieu en avril 2020 faisaient partie d’un contrat de 152 millions de dollars signé en 2019.
Le Nigeria aurait aussi acheté une centaine de transports de troupes blindés CS/VP3 livrés fin septembre.

Les forces nigérianes sont surarmées. Mais leurs matériels sont d’origines tellement diverses(1) que le soutien logistique est très difficile à assurer d’autant que les conditions locales sont extrêmement difficiles (chaleur, sable, boue, humidité …) et usent rapidement les armements.
De plus, posséder des blindés ne fait pas une unité mécanisée opérationnelle. À savoir que le combat, même asymétrique, mettant en œuvre l’infanterie mécanisée(2) est extrêmement complexe à mener et nécessite un encadrement expérimenté qui dirige des fantassins entraînés et disciplinés. Ces conditions ne paraissent pas pour l’instant être réunies de manière optimum au Nigeria.

 

1. URSS, Chine, Grande Bretagne, États-Unis, France, Brésil, Autriche, Pologne, Suisse, Ukraine, Canada, Turquie, Afrique du Sud, Israël, etc.
2. L’infanterie « portée » est mise au sol à proximité des objectifs, la « méca » directement dessus (d’où l’ordre bien connu des anciens « débarquez-assaut »). Il faut coordonner l’action des fantassins à pied, le tir des armes d’appui embarquées et éventuellement les tirs de mortiers ou d’artillerie en soutien direct.

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Texte

Alain Rodier

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